Une mesure symbolique du projet de loi de santé

Les enfants auront aussi leur médecin traitant

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Publié le 27/04/2015
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Crédit photo : SÉBASTIEN TOUBON

Le médecin traitant de l’enfant est enfin porté sur les fonds baptismaux par le projet de loi de santé. « Pour les ayants droit âgés de moins de seize ans, l’un au moins des deux parents ou le titulaire de l’autorité parentale choisit le médecin traitant et l’indique à l’organisme gestionnaire », précise le texte adopté à l’Assemblée nationale.

Cette mesure emblématique de la réforme de Marisol Touraine a longtemps divisé la profession. Les pédiatres, qui disposent d’un accès direct, s’étaient dans un premier temps opposés à cette réforme, redoutant la désaffection de leurs cabinets. Le climat s’est apaisé. Le texte voté par les députés ne prévoit aucune pénalité en cas de non-respect du parcours de soins des patients de moins de 16 ans. Cette disposition rassure le Dr Francis Rubel, président du syndicat national des pédiatres français (SNPF) car bon nombre de parents amènent leur enfant directement chez le pédiatre après avoir sollicité un premier avis médical. « Cela correspond à environ un tiers de l’activité totale des pédiatres », indique-t-il au « Quotidien ».

Lors du débat public à l’Assemblée nationale, Marisol Touraine a déclaré qu’« un généraliste ou un pédiatre » pourraient prétendre être médecin traitant de l’enfant. Le projet de loi est moins précis. « Il ne dit rien sur ce point, précise le Dr Claude Leicher, président de MG France. N’importe quel médecin pourrait être choisi par les parents et dans l’absolu, même être un gériatre ».

Flou sur le montant du forfait

Très favorable à la reconnaissance d’un « médecin traitant dès la naissance », qu’il réclame depuis plusieurs années, le Dr Leicher regrette cependant que la question de la rémunération de cette nouvelle fonction soit renvoyée à un futur accord conventionnel. Il ne serait pas illogique, selon lui, que le montant actuel du forfait de médecin traitant de l’adulte (5 euros par patient et par an) serve de référence.

Qui, du généraliste ou du pédiatre, sera le plus choisi ? « Nous souhaitons que ce soit gagnant-gagnant entre nous », affirme le Dr Leicher. Le patron de MG France est enclin à penser que les généralistes auront davantage la préférence des parents que les pédiatres, qui pourraient, à chaque fois qu’ils seront sollicités en tant que médecin correspondant pour avis être rémunérés 2 C.

Le Dr Rubel est lui persuadé que les parents « choisiront en majorité un pédiatre », surtout pour réaliser les consultations du 9e mois et du 24e mois. « 55 % de notre activité se fait sur les enfants de zéro à deux ans », calcule-t-il. Le praticien plaide pour un suivi conjoint des enfants par le couple généraliste-pédiatre. Il rappelle que les pédiatres sortent à peine d’une grave crise démographique et ne sont plus que 2 500 environ à exercer en libéral. « Nous ne pourrons pas suivre tous les enfants », reconnaît-il.

La guerre du médecin traitant de l’enfant n’aura peut-être pas lieu.

Henri de Saint Roman

Source : Le Quotidien du Médecin: 9407
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