Loi de santé : l’Ordre se pose en porte-étendard de la contestation

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Publié le 25/06/2015

Crédit photo : S. TOUBON

C’est peu dire que l’Ordre national des médecins ne se satisfait pas de la façon dont s’organise la grande conférence de santé voulue par Manuel Valls, qui se tiendra sur deux jours en janvier 2016. « Nous irons sans illusion à cette conférence », a indiqué ce jeudi le Dr Patrick Bouet, président de l’Ordre national.

L’institution multiplie les critiques sur la méthode et le calendrier. Elle regrette de ne pas faire partie du comité de pilotage et juge que cette conférence aurait dû se tenir avant l’adoption définitive de la loi de santé. « C’est une erreur de stratégie et de concept », assène le Dr Bouet.

Plan ambitieux

L’Ordre, qui veut à la fois occuper le terrain (à l’approche des élections internes du printemps 2016) et capitaliser sur son opposition active à la loi de santé (positionnement bien perçu par la majorité des médecins), a décidé de « prendre à bras-le-corps la préparation de cette conférence ».

Son plan vise à écouter les professionnels de santé, les patients, les syndicalistes et les institutionnels pour faire émerger des propositions. Avec l’objectif de peser davantage encore sur le contenu de la loi de santé, ou de la prochaine ! Patrick Bouet l’affirme : si la loi n’est pas profondément remaniée, « elle ne sera pas définitive et il faudra bientôt un nouveau texte ».

La préparation de la conférence sous la houlette de l’Ordre s’articulera en trois phases. Dès septembre, l’institution organisera en région des rencontres avec les médecins sur la base d’un questionnaire sur leurs attentes. « On va se donner les moyens financiers de toucher les 180 000 médecins », prévient Patrick Bouet.

Un grand sondage sur les attentes des usagers de santé sera réalisé dans la foulée.

Enfin, une phase de préparation institutionnelle aura lieu dans un troisième temps. Une dizaine de réunions seront organisées « avec une soixantaine d’acteurs du monde la santé, syndicalistes, institutionnels et libres penseurs », précise le Dr Bouet.

Pourquoi ces grandes manœuvres qui, de l’aveu même du président de l’Ordre, constituent « une première » ? « Nous voulons aller à cette conférence pour y dire quelque chose », répond le Dr Bouet.

Tiers payant : pas d’obstacle déontologique

Le président de l’Ordre a cité les points de désaccords vis-à-vis de la loi de santé. Il dénonce un texte qui « ne garantit pas la sécurité de l’ensemble des patients sur le territoire », ainsi que « l’hyper-administratisation du système, le renforcement des pouvoirs des directeurs des agences régionales de santé sans aucun contre-pouvoir, et l’iniquité des soins sur le territoire ».

Il fustige également l’insuffisance du texte en matière de formation initiale. Enfin, sur le tiers payant généralisé, l’Ordre répète que, s’il n’y voit pas d’obstacle déontologie, il s’oppose à son côté obligatoire.

L’institution réalisera en tout début d’année 2016 la synthèse de ces travaux et la fera parvenir aux autorités.

Henri de Saint Roman

Source : lequotidiendumedecin.fr
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