Plan d’économies, réforme du temps de travail

Touraine veut moderniser l’hôpital sans trop le bousculer

Publié le 21/05/2015
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« Je n’ai pas peur de dire que j’aime l’hôpital public ! ». La déclaration d’amour de Marisol Touraine aux hospitaliers en ouverture des Salons santé autonomie, mardi à Paris, n’a pas réussi à éclipser les craintes du secteur autour du plan de maîtrise des dépenses de santé pour 2015-2017 et de la réforme du temps de travail à l’hôpital, lancée au début du mois par l’Assistance publique - hôpitaux de Paris (AP-HP).

Un « cap clair » pour l’hôpital

Après la traditionnelle visite des stands des Salons, la ministre s’est employée pendant 45 minutes à rassurer son auditoire – une centaine d’administratifs et d’hospitaliers attentifs – en insistant sur la place de l’hôpital dans le système de santé, sous le regard de Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF).

Contrairement aux libéraux, opposés à la généralisation du tiers payant, et aux cliniques privées, qui ont boycotté les salons – la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) a vécu comme une attaque en règle une plaquette de la FHF destinée à « rétablir la vérité » sur le coût comparé des hôpitaux publics et du secteur privé lucratif –, les hospitaliers sont plutôt satisfaits du contenu du projet de loi de santé voté en avril par les députés.

Le texte qui doit être examiné à partir du 22 juillet en commission des affaires sociales au Sénat, fixe un « cap clair » pour l’hôpital public, a détaillé Marisol Touraine, en affirmant « son inscription dans le virage ambulatoire, le rétablissement du service public hospitalier et la mise en place des groupements hospitaliers de territoires » (GHT) « l’un des dispositifs les plus structurants de la loi ».

Pas de plan social à l’hôpital

« J’ai tourné la page de l’hôpital entreprise, degré zéro de la pensée politique, vision aussi fausse que caricaturale de ce que doit être un établissement de santé au XXIe siècle », a asséné la ministre de la Santé. L’évocation des réformes n’a guère emporté l’assistance. En revanche, la circulaire budgétaire envoyée fin avril aux agences régionales de santé (ARS) détaillant le plan d’économies de 730 millions attendus dans les hôpitaux pour 2015 a provoqué des remous dans la salle. « Ce sont les établissements, en lien avec les ARS, qui proposeront leur feuille de route pour décliner et mettre en œuvre ses orientations [budgétaires, NDLR] » a tenté de déminer Marisol Touraine, dans un brouhaha grandissant. La ministre l’assure : l’hôpital peut faire des économies sans toucher à la masse salariale. Les efforts budgétaires n’ont d’ailleurs pas empêché de recruter 5 700 médecins et 24 000 soignants en plus depuis 2012. « Tout est question de priorité, de mesure et de responsabilité, donc de réorganisation », a affirmé Marisol Touraine.

À l’heure où l’AP-HP entame sa réforme sur l’organisation du temps de travail de ses 75 000 salariés (hors médecins), la ministre a bien pris soin de « rappeler solennellement que le gouvernement est attaché aux 35 heures, à l’hôpital comme ailleurs ». Pas question de remettre en cause leur cadre réglementaire. Ce sera bien à chaque établissement, « responsable » et « autonome » de démêler ce sac de nœuds. Ségur se contentera de « veiller […] au respect des droits des salariés comme aux conditions du dialogue social. » Confronté à un mouvement de grève (voir encadré), le patron de l’AP-HP Martin Hirsch aurait sans doute apprécié un coup de pouce plus marqué.

Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du Médecin: 9413
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