Intensification thérapeutique

Les habitudes se modifient

Publié le 15/04/2011
Article réservé aux abonnés
1302830029245353_IMG_58599_HR.jpg

1302830029245353_IMG_58599_HR.jpg
Crédit photo : S TOUBON

L’INERTIE THÉRAPEUTIQUE, c’est-à-dire l’absence d’intensification du traitement par augmentation des doses ou ajout d’un antidiabétique malgré une glycémie insuffisamment contrôlée, a constitué l’un des sujets récurrents du congrès de la SFD.

Ce phénomène est connu – plusieurs études ont montré que les recommandations thérapeutiques dans le diabète de type 2 (DT2) sont insuffisamment appliquées – mais, il est encore mal quantifié.

L’étude DIAttitude a été entreprise afin de mieux comprendre les pratiques d’intensification du traitement antidiabétique par les médecins généralistes français. Elle comporte trois phases :

– une analyse rétrospective des données existantes dans la base du panel ;

– un recueil transversal des données pour les patients DT2 sous mono, bi- ou trithérapie et des données rétrospectives (2 ans dans la base) ;

– un recueil prospectif de données (1 an) pour les patients en monothérapie.

Le Pr Serge Halimi (CHU de Grenoble) a rappelé les résultats de l’analyse rétrospective qui concerne des DT2 traités par des antidiabétiques oraux seuls et pour lesquels deux dosages d’HbA1 étaient disponibles.

Parmi eux, 3 118 nécessitaient une intensification de leur traitement (2 dosages d’HbA1c supérieurs ou égaux aux valeurs seuils définis par les recommandations HAS).

Ces patients ont été suivis pendant 14 mois ou jusqu’à la date d’intensification, définie par une augmentation de la posologie et/ou du nombre d’antidiabétiques oraux et/ou une prescription d’insuline ou d’analogue du GLP-1.

Le traitement n’a été intensifié que chez seulement 1 212 patients (39 %) dans les six mois ayant suivi un deuxième dosage d’HbA1c non satisfaisant, 38 % d’entre eux recevaient une monothérapie, 42 % une bithérapie et 45 % une trithérapie.

À 12 mois, 59 % des sujets avaient bénéficié d’une intensification, 56 % des patients étaient sous monothérapie, 65 % sous bithérapie et 70 % des patients sous trithérapie.

L’intensification était significativement associée à deux facteurs :

– l’âge, les patients les plus jeunes avaient plus de chances d’avoir une intensification de traitement ;

– le taux d’HbA1C, plus la valeur du premier dosage disponible était élevée plus les chances d’intensification augmentaient jusqu’à un seuil de 9 % au-delà duquel la relation s’inversait.

La base de données utilisée n’a pas permis d’identifier d’autres caractéristiques liées aux patients ou aux médecins corrélées avec la probabilité d’intensification du traitement.

La phase prospective.

Les premiers résultats de l’approche prospective de l’étude DIAttitude ont également été présentés par le Pr Halimi au cours d’un symposium organisé par les laboratoires BMS et AstraZeneca. Ils montrent que sur 1 084 patients en monothérapie, le choix de ne pas modifier le traitement après deux mesures consécutives hors normes du taux d’HbA1c s’explique très souvent par la prise en compte des caractéristiques du patient (âge, complications cardio-vasculaires ou rénales, cardiopathie ischémique, etc.). L’absence d’intensification inexpliquée ne concernait en fait que seulement 12,6 % des sujets. Une situation qui, selon le Pr Halimi, laisse à penser que « la prise en charge de l’équilibre glycémique des diabétiques de type 2 par les médecins généralistes semble beaucoup plus satisfaisante que les résultats des études antérieures, en particulier ENTRED 2007, ne le laissaient penser ».

D’après les communications du Pr Serge Halimi (CHU de Grenoble) au cours de la session « Épidémiologie-Santé publique » et du symposium « Amélioration de la prise en charge du diabète de type 2 : quelle stratégie choisir ? » organisés par les laboratoires BMS et AstraZeneca.

Dr MICHELINE FOURCADE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8944