Risque psychosociaux

Les interventions doivent être concrètes pour être durables

Publié le 05/06/2012
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LE MONDE DE L’ENTREPRISE a été, au cours de ces vingt dernières années, le théâtre de transformations profondes. « « Faire vite et bien » résume le conflit d’exigences induit par des contraintes de travail souvent plus rigides alors que, globalement, le travail exige des salariés un engagement subjectif plus important que par le passé », explique Philippe Douillet, chargé de mission à l’ANACT*.

Les chefs d’entreprise ont été sensibilisés et ont pris conscience de l’émergence du risque psychosocial. Ils ont pour certains la volonté de s’engager à mener des actions de prévention. Cet élan se trouve toutefois freiné pour des raisons souvent d’ordre méthodologique ou tenant aux remises en causes nécessaires des organisations. Résultat : des actions de prévention proposées dans un souci de « bien faire » mais limitées sur le terrain de la santé publique ou de l’appui individuel et qui n’apportent pas la réponse attendue par les salariés. « Pour que cet effort se recentre sur les causes profondes du mal-être au travail et se pérennise dans le cadre plus général de la gestion de l’entreprise, nous proposons d’approcher ces questions sous l’angle de la réalité des situations concrètes de la vie au travail », précise Philippe Douillet.

Faire émerger les ressources positives.

La méthode de l’ANACT part du principe que le travail est d’abord un facteur de santé et un objet de prévention. Elle propose ainsi plusieurs outils qui permettent le repérage de facteurs de contraintes et de ressources ayant un impact sur la santé des salariés à partir de leur ressenti. Elle met également en lumière des situations précises de travail perçues par les salariés comme sources de difficultés. On sort ainsi de la logique pure et simple de la gestion du risque et de la souffrance individuelle pour s’appuyer sur la compréhension partagée des conditions concrètes du travail. « Avec des actions ensuite sur l’organisation, le management… et la recherche du compromis pour permettre de faire du « bon travail » ».

Organiser l’expression dans le temps.

« Nous accompagnons ainsi les entreprises et, pour plus de la moitié de nos interventions, le médecin du travail est à l’origine indirecte de la demande. Notre réseau d’expérience et les relations privilégiées que nous entretenons avec les services de santé au travail contribuent à ce que ce principe de dialogue entre tous les acteurs de l’entreprise soit adopté par les entreprises. » La pérennité du succès ne peut toutefois pas se passer de processus de régulation pour favoriser, sur le long terme, l’expression des salariés, leur participation et leur implication dans les décisions de gestion des entreprises qui sont, par ailleurs, en évolution constante. « Aux côtés du médecin du travail, les infirmiers de santé au travail, mais également les assistants sociaux ont certainement, sur ce terrain, un rôle majeur de facilitateursà jouer, mais le médecin reste le pivot essentiel par sa présence pérenne auprès de tous les acteurs de l’entreprise, en particulier dans les plus petites », conclut Philippe Douillet.

*Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (www.anact.fr).


Source : Le Quotidien du Médecin: 9136