Risque de cancer de la vessie

Les travailleurs au cœur d’une surveillance en réseau

Publié le 05/06/2012
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Crédit photo : BSIP

EN 2010, les cancers de la vessie sont estimés à plus de 10 700 cas en France et se situent au 7e rang des cancers. Si le tabagisme est reconnu comme l’une des principales causes de ce type de cancer, les agents chimiques utilisés dans certains secteurs d’activités professionnelles sont des facteurs de risque importants, notamment certaines amines aromatiques et hydrocarbures aromatiques polycycliques. En élaborant des recommandations, la SFMT avait pour objectif de proposer des outils, une méthodologie de repérage, de recueils d’informations, des modalités de surveillance, une homogénéisation des pratiques et une cohérence dans le suivi de ces travailleurs.

Cytologie urinaire.

La prévention des cancers professionnels repose essentiellement et avant tout sur la prévention primaire (supprimer ou contrôler l’exposition) et commence par l’évaluation du risque. Le document unique et la fiche de prévention des expositions, sous la responsabilité de l’employeur, ainsi que le dossier médical en santé au travail, sous la responsabilité du médecin du travail, sont les principaux supports de traçabilité.

Dans le cadre des visites médicales de santé au travail, outre une surveillance d’indicateurs biologiques d’exposition (biométrologie, lire page XX) chez les travailleurs encore potentiellement exposés, un dépistage spécifique peut être proposé aux salariés antérieurement exposés aux cancérogènes pour la vessie afin de diagnostiquer la pathologie à un stade précoce. Dans l’attente de tests de nouvelle génération, c’est encore aujourd’hui la cytologie urinaire qui est recommandée dans le cadre d’un dépistage ciblé, du fait de sa très bonne spécificité (pour tous grades et stades de tumeurs de vessie) et de sa bonne sensibilité pour les tumeurs de haut grade.

Une visite médicale de fin de carrière.

Il est également recommandé de prévoir une visite médicale de fin de carrière, à l’issue de laquelle le salarié se verra remettre par le médecin du travail un relevé d’exposition et une synthèse des éléments de surveillance médicale contenus dans le dossier médical, le tout accompagné d’une information sur la suite à donner à cette surveillance. Une cytologie urinaire tous les six mois est recommandée ou proposée (selon le niveau de risque, présenté par un algorithme d’aide à la décision dans le texte des recommandations) pour les salariés toujours en activité mais qui ne sont plus exposés. Pour les salariés en retraite, c’est le médecin traitant, l’urologue ou dans le cadre d’une consultation de pathologie professionnelle que le dépistage ciblé est proposé aux travailleurs anciennement exposés, ce dépistage débutant vingt années après le début de l’exposition au cancérogène vésical. Outre le traitement à un stade précoce, la reconnaissance et l’indemnisation au titre de maladie professionnelle est aussi à prévoir en cas de cancer de la vessie diagnostiqué, en lien avec l’activité professionnelle (tableau n°ter ou 16 bis du Régime général de la Sécurité sociale). Ce travail souligne également l’intérêt d’une surveillance en réseau entre tous les acteurs de santé au sein de l’entreprise d’une part, médecins traitants et spécialistes d’autre part.

*Ces recommandations de bonnes pratiques ont été élaborées en collaboration avec l’Institut National du Cancer, la Société française du cancer et l’Association française d’urologie selon les procédures et règles méthodologiques préconisées par la Haute Autorité de santé. Elles sont accessibles sur le site de la SFMT à l’adresse suivante : http://www.chu-rouen.fr/sfmt/pages/Recommandations.php

**4,4’-méthylène bis (chloroaniline)


Source : Le Quotidien du Médecin: 9136