EDITORIAL

Convergences

Publié le 05/06/2012
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Le 32e Congrès National de Médecine et Santé au Travail, réunit actuellement à Clermont-Ferrand 2 700 participants, dont plus de 300 professionnels non-médecins, faisant partie des nouvelles équipes pluridisciplinaires. Neuf thèmes principaux, 500 communications orales ou affichées, font le point sur les aspects scientifiques d’actualité. La place du monde du travail dans la vie tout court, justifie que le Quotidien du médecin consacre un numéro à ce Congrès.

Les intersections entre le monde médical du soin et celui de la santé au travail s’organisent généralement autour de deux circonstances bien particulières qui permettent des échanges fructueux. La première se rencontre lors de la reprise de l’activité professionnelle après une pathologie ayant justifié la prescription d’un arrêt de travail de plusieurs semaines. Il faut alors que les médecins spécialistes de médecine générale gardent à l’esprit d’anticiper la visite médicale de reprise du travail et de prescrire la visite médicale dite de préreprise. Eux seuls peuvent le faire, les médecins spécialistes de médecine du travail n’en ayant pas l’initiative. Cet examen médical de préreprise, qui a lieu pendant la période de congé maladie, permet d’envisager le retour au travail dans les meilleures conditions possibles, compte tenu des capacités médicales de la personne, et des capacités d’adaptation de l’entreprise.

L’autre circonstance habituelle est la détermination de l’origine professionnelle d’une pathologie, particulièrement lorsque celle-ci est grave ou différée, et c’est alors plutôt le Centre de consultations de pathologies professionnelles du Centre hospitalier universitaire qui se trouve être le correspondant naturel du médecin ou du spécialiste traitant. Il est à noter que l’ensemble de ces consultations de pathologies professionnelles constitue un réseau de surveillance unique, dans lequel la totalité des dossiers médicaux est enregistrée. L’analyse périodique de cette base de données, dite RNV3P, pour Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles, vise à permettre de faire émerger précocement un signal, c’est-à-dire vérifier si certaines expositions professionnelles sont en rapport plus fréquent qu’attendu avec certaines pathologies.

La crise démographique du monde médical n’épargne pas la médecine du travail, et la réforme applicable au 1er juillet 2012 prévoit l’arrivée de nouveaux professionnels dits médecins collaborateurs, s’engageant dans un cursus de formation en santé au travail. Alors que toutes les spécialités médicales vont vers l’hyperspécialisation, ce qui n’échappe pas à la technicité de la médecine du travail, il convient de s’assurer que ces médecins collaborateurs bénéficieront de conditions d’encadrement rassurantes pour eux-mêmes et pour leurs salariés, tout en bénéficiant de conditions optimales pour leur formation en médecine du travail qui devra être qualifiante.

Chef de service santé travail environnement au CHRU de Clermont-Ferrand et président du Comité scientifique du 32e Congrès National de Médecine et Santé au Travail.

 Professeur Alain Chamoux

Source : Le Quotidien du Médecin: 9136