L’ÉTUDE INTERHEART, en 2004, avait établi que le stress, l’anxiété et la dépression intervenaient pour 32 % dans le risque d’infarctus du myocarde, le travail étant l’une des premières sources de stress.
En 2012, la Société européenne de cardiologie (ESC) a consacré un chapitre au stress dans ses recommandations (1).
« Le stress, a rappelé le Dr Jean-Pierre Houppe, modifie les facteurs de risque liés aux comportements (tabagisme, diminution de l’activité physique, prise de poids…) et entraîne une activation du système inflammatoire et des facteurs de coagulation, une dysfonction endothéliale… »
Selon l’OMS, 20 à 60 % des salariés font état de stress au travail; il est impliqué dans 30 % des arrêts de travail d’après le Bureau international du travail.
Le stress professionnel augmenterait le risque de maladie coronaire d’au moins 23%. La menace de chômage est également un facteur majeur de stress. Dans ses recommandations, l’ESC met ainsi l’accent sur l’évaluation des facteurs psychosociaux.
En prévention primaire, les interventions comportementales sont au premier plan. « Les anxiolytiques n’ont pas été étudiés dans ce contexte. Les antidépresseurs n’ont pas d’ impact démontré sur la mortalité cardiovasculaire, a souligné le Dr Houppe. Le médicament miracle est l’activité physique qui, par exemple, réduit de 50 % le risque de décès en cas de dépression postinfarctus. Les psychothérapies, notamment cognitivocomportementales, sont aussi très efficaces ».
"L’usage de drogues connaît une augmentation spectaculaire,a précisé le Dr Jean Gauthier. 6 % des 15-34 ans consomment de la cocaïne, dans un but récréatif mais aussi pour faire face au stress et à la pénibilité au travail. » Les morphiniques entraînent une baisse de la vigilance, une inhibition sympathique et une stimulation vagale, et donc une bradycardie, une hypotension et une dépression respiratoire. La cocaïne provoque une forte stimulation sympathique, avec augmentation des résistances périphériques, pic hypertensif et vasoconstriction capillaire, source d’infarctus capillaire par spasmes. Par le biais d’un effet alpha-adrénergique, elle augmente l’agrégation plaquettaire et induit une hypertrophie ventriculaire gauche. Les amphétamines augmentent les résistances périphériques. La caféine induit fibrose et micronécrose myocardique. Le cannabis et les cannabinoïdes ont un effet dopaminergique. Les solvants induisent une bradypnée, une bradycardie, une arythmie, voire une mort subite. Les médicaments détournés, comme le Subutex, sont à l’origine d’hypotension et d’allongement du QT. Quant à l’éphédrine, elle est source d’HTA, de tachycardie et de micronécroses.
L’alcool est responsable d’altérations sensitives, de troubles de l’équilibre et de la coordination.
« Le risque d’accidents du travail est accru du fait de la baisse de vigilance induite par les drogues et du syndrome d’épuisement, avec disparition des signaux d’alerte », a conclu le Dr Gauthier.
D’après les communications des Drs Jean-Pierre Houppe (Thionville) et Jean Gauthier (Arles).
(1) European guidelines on cardiovascular disease prevention in clinical practice (2012 version). European Heart Journal 2012;33(13)1635-701 - doi :10.1093/eurheartj/ehr092 et European Journal of Preventive Cardiology 2012;19(4):585-667.
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