Jim passa sa main sous la nuque glacée de Monsieur Fontin, releva sa tête, et cala convenablement l’oreiller dessous. Il prit la télécommande, alluma la télé. Un épisode de « Stargate » débutait. Il détestait cette série. La tête toujours douloureuse, il y passa une de ses mains qui collaient et sentaient la mandarine pour vérifier s’il ne s’était pas ouvert lors de sa chute. Il ne trouva qu’une énorme bosse. Monsieur Fontin l’attrapa par le bras :
— Pourquoi tu ne le fais pas ? Pourquoi tu ne m’aides pas ? À l'autre, je lui ai refusé la main de ma fille. Ma fille unique. Je lui ai dit avec toute la franchise et la bienveillance d’un père qu’il ne me plaisait pas. Et il continue à venir tous les jours s'occuper de moi, avec beaucoup de soin… Il me fait peur ce Rico ! Je suis épuisé…
Jim rassura Monsieur Fontin, et se rendit dans la cabine téléphonique la plus proche pour appeler la police en anonyme, mais ils ne le prirent pas au sérieux. Il n’insista pas, tenta de joindre Rico sur son portable pour empêcher l'inévitable. Messagerie. Il n’y avait qu’un endroit où aller. Là où tout avait commencé. Jim monta jusqu’au sixième étage.
Devant la porte de la réserve, Jim remarqua les vêtements empilés de Rico et l’absence de l’affiche d’interdiction. Il regarda derrière lui, personne ne semblait les avoir remarqués.
Plus loin, on distribuait les plateaux en silence. Il voulait poser son regard sur quelque chose de rassurant et reconnut une employée de la cantine, Solange. Une fan de Lauryn Hill, qui serait passée inaperçue sans ses tresses plaquées qui zigzaguaient sur sa petite tête. Sa tenue marron était trop large pour elle. Jim alla à sa rencontre, il posa son sac à dos par terre. Il sortit un billet de vingt euros, de son portefeuille et le lui tendit. Ils discutèrent un bref instant. Elle abandonna ses plateaux-repas et ils avancèrent tous les deux en direction de la réserve.
— T’as bien compris ce que je t’ai dit ? fit Jim.
— Oui, oui. Je t’attends là. Et si je vois que dans cinq minutes tu ne ressors pas, je cogne très fort à la porte en criant « Police ». C’est bien ça ?
— Oui tu cognes de toutes tes forces ! C'est clair ?
— Et tu me donnes encore vingt euros après ?
— C’est ça !
Jim s’apprête à entrer lorsque Solange le retient :
— Si je te demande le pourquoi du comment, je suis sûre que tu ne vas pas me dire ce qui se passe ? Hein ? Jim lui adresse un sourire triste.
— J’ai peur d’un coup, fit Solange. J’aime bien l’argent mais je préfère la vie !.… J’ai l’impression que c’est la dernière fois que je te vois.
— Mon morceau préféré de Lauryn Hill, dit Jim, c’est « Lost ones ».
Solange avait les larmes aux yeux.
— Pourquoi tu me dis ça, maintenant ? fit-elle.
Jim lui lança un clin d’œil, et entra dans la réserve.
Fin.
Une nouvelle histoire courte dans notre édition du 25 février
Avec la collaboration de

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