« La prise en charge des maladies chroniques et notamment du diabète ne répond pas aux attentes que l’on peut espérer au regard des dépenses engagées, assène le Pr Claude Jaffiol, diabétologue, membre de l’Académie de Médecine. Pour preuve, en 2007, 43 % des patients diabétiques avaient un équilibre insuffisant, 38 % étaient non observants après un an seulement de traitement et 48 % ne se soignaient pas correctement. »
Or les facteurs de risque comportementaux liés à l’alimentation, au tabac, à l’alcool, à la sédentarité, à la pollution, au stress ainsi qu’à la précarité sont évitables et motivent de nombreux programmes d’éducation thérapeutique. Sur les presque 4000 autorisés par les Agences régionales de santé (ARS) en 2011, environ 30% concernaient le diabète (15% les maladies cardiovasculaires hors AVC et 7% l’obésité).
Des hypoglycémies sous-estimées
Outre l’éducation au maniement des thérapeutiques, l’ETP dans le diabète aborde un aspect essentiel de la prise en charge : la prévention des hypoglycémies. Sous-estimées, elles sont pourtant fréquentes. Médecins et patients en parlent peu, en dépit d’un retentissement sur le plan cognitif et cardiovasculaire importants, et d’un coût humain et économique considérable.
« En extrapolant au territoire national, cela fait plus de 25 000 hypoglycémies sévères par an dans le type 2 », chiffre le Pr Serge Halimi (CHU Grenoble) qui a mené l’une des rares études sur le sujet dans sa région en 2010, « et cela, pour un coût annuel de 125 millions d’euros, sachant que ces chiffres sont à multiplier par deux ou trois ! », poursuit-il. Pour les hypoglycémies légères à modérées, elles concernent quasiment tous les diabétiques de type 1 et près de la moitié des type 2 : l’étude française DIALOG estime, en effet, que 85,3% des DT1 et 43,6% des DT2 insulino-traités ont eu au moins une hypoglycémie dans le mois.
Des patients autonomes
Comment alors les prévenir chez les patients à risque, les patients âgés, fragiles, ceux ayant des diabètes instables ? « Essentiellement au moyen d’une éducation thérapeutique, répond le Pr Bernard Bauduceau, diabétologue (Val-de Grâce, Paris), en informant les malades à propos des sulfamides hypoglycémiants, de la mise sous insuline et de l’adaptation des doses, pour qu’ils puissent être autonomes, adapter leur traitement et gérer leurs paramètres glycémiques. »
Les ressources éducatives vis-à-vis de la prévention des hypoglycémies doivent aussi porter sur les symptômes à reconnaître, surtout chez les patients âgés où ils sont atypiques (troubles du comportement, agressivité etc.), sans négliger le resucrage, l’auto-surveillance glycémique, les situations à risque comme l’activité physique, l’alimentation, les interférences médicamenteuses…
Mais, faute de financements, ce type d’éducation pour les patients spécifiquement à risque d’hypoglycémies peine à se développer, surtout pour les diabétiques de type 1, alors même que la moitié est suivie par des médecins généralistes, peu formés à l’éducation thérapeutique, a fortiori sur les hypoglycémies.
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