Neuf hypertendus sur dix sont exclusivement pris en charge par un généraliste. « L’hypertension artérielle, c’est 20 à 25% de nos consultations, acquiesce le Dr Frédéric Villeneuve, généraliste à Ballancourt-sur-Essonne (Essonne), et formateur sur l’HTA. Malgré cela, « il n’existe pas de programmes organisés de ville sur l’éducation des hypertendus, comme c’est le cas pour les diabétiques ».
La seule ETP organisée s’adresse aux HTA sévères et compliquées : elle est disponible dans une vingtaine de centres hospitaliers. Reste que « les protocoles formels d’éducation thérapeutique sont inapplicables en médecine générale », note le Dr Nicolas Postel-Vinay (HEGP, Paris), directeur du site automesure.com. Le système de soins à la française ne semble pas encore organisé pour permettre au généraliste de consacrer le temps nécessaire à l’ETP… dans l’HTA en tous cas.
Alors, que peut – et doit – donc faire le généraliste qui souhaite mettre en place une ETP pour un patient atteint d’HTA? Pour le Pr Girerd (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris), la démarche éducative s’organise en trois axes : « les thérapeutiques non médicamenteuses, l’observance des traitements médicamenteux, et la place centrale de l’automesure ».
Haro sur le sel
Côté hygiène de vie, « les médecins traitants connaissent les messages à diffuser. Mais la façon dont ils les délivrent est d’une inefficacité notoire », déplore le Pr Girerd qui insiste sur les trois clés de succès : individualiser les messages, faire participer le patient au choix de changements de modes de vie et procéder par étapes.
Tout d’abord, le message le plus efficace concerne la baisse de la consommation de sel, dont le bénéfice se ressent en général dès la première semaine de restriction. Malheureusement, seuls 40% des patients y seront sensibles : typiquement, l’homme de 50 ans, en surpoids, avec une obésité abdominale. Les consommateurs excessifs sont à rechercher chez les amateurs d’aliments riches en sel caché : fromages, charcuterie, pain, pizzas...
En ce qui concerne l’activité physique, n’oublions pas que seulement 30% des hypertendus sont en capacité d’en pratiquer une. Son avantage peut se chiffrer en quelques millimètres de mercure de PA, « avec par exemple, 20 minutes d’endurance (vélo, natation, course à pied), trois fois par semaine », illustre le Pr Girerd.
Le défi de l’observance
L’observance médicamenteuse est également un axe prioritaire d’ETP, étant donné que la moitié des hypertendus traités arrêtent leur traitement anti-hypertenseur dans la première année. Un défi pas toujours aisé. «?Aujourd’hui, les patients remettent en cause les bénéfices des traitements. Nous devons leur expliquer l’utilité de le prendre à vie alors qu’ils ne se sentent pas malades », témoigne Frédéric Villeneuve, en rappelant que chez un hypertendu, chaque baisse de 10 mmHg de la PA diminue de 40% le risque d’AVC et de 20% le risque cardiaque.
Cependant, après trois mois, quand l’HTA est contrôlée, les patients ont tendance à croire qu’ils n’ont plus besoin de leur traitement. Pour inverser cette tendance, le Pr Girerd aime comparer le médicament à de l’essence, « une image que les patients comprennent bien ».
Automesure essentielle
L’ETP est enfin centrée sur l’automesure : le Dr Villeneuve n’hésite pas à passer du temps à expliquer le fonctionnement de l’appareil d’automesure, puis à le prêter aux patients afin d’éviter l’effet blouse blanche. Après 3 à 5 jours, une nouvelle consultation est programmée et les résultats commentés ensemble.
« L’automesure tensionnelle est l’élément le plus performant d’une éducation thérapeutique », insiste le Dr Postel-Vinay. Pour une maladie sans symptômes, c’est un outil de suivi essentiel ! Les études montrent que les utilisateurs réguliers savent mieux citer les noms de leurs médicaments et sont possiblement mieux observants. » La Cnam envoie désormais des appareils d’automesure aux médecins sur demande (comme pour les streptotests).
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