« ON NE DIRA jamais assez que l’urticaire n’est pas une maladie allergique », souligne le Pr Jean-François Nicolas (Lyon). C’est une maladie inflammatoire chronique, auto-immune ou atopique, qui résulte de l’activation des mastocytes (fragilisés et pré-activés chez les patients), sous l’effet d’une agression qui entraîne la poussée d’urticaire. L’agent stressant peut être par exemple un médicament, une irritation etc., Maladie extrêmement fréquente, avec 1 à 2 millions de personnes concernées en France, l’urticaire ne fait pas partie de l’enseignement médical.
Utiliser le mot hypersensibilité.
L’utilisation du mot allergie est souvent galvaudée et mal comprise. C’est un mot devenu populaire et utilisé à tout va (allergie au travail, par exemple…). Le Pr Nicolas appelle les médecins généralistes à lui rendre son sens. Il propose d’utiliser avec le patient le terme d’hypersensibilité, qui pourra être ensuite accompagné de l’adjectif allergique s’il y a lieu. Mais l’allergie ne représente que 5 % des cas d’hypersensibilité vus par les médecins, alors que les patients sont beaucoup plus nombreux à encombrer les salles d’attente des allergologues.
Les stress inflammatoires divers qui agressent nos cellules peuvent nous faire développer des réactions d’hypersensibilité non allergique – par exemple à un médicament tel que l’amoxicilline – qui ne pose pas de problème grave même en cas de nouvelle prise, n’étant pas de nature allergique. « Cette méconnaissance entraîne des conséquences, telle la réalisation de bilans biologiques à n’en plus finir. Certaines peuvent être graves, en particulier l’anxiété des patients peut être à l’origine de vies gâchées », déplore le Pr Nicolas.
Les corticoïdes ne sont pas des médicaments de l’urticaire. De même que l’œdème du visage qui peut lui être assimilé, l’urticaire se traite très facilement par les antihistaminiques dans la grande majorité des cas. Les corticoïdes sont à proscrire en raison d’un risque de corticodépendance qui touche 5 % des patients, sans qu’on puisse prédire lesquels.
D’après un entretien avec le Pr Jean-François Nicolas, dermatologue, président du Comité scientifique de la Société française d’allergologie (SFA), et professeur d’allergologie et immunologie clinique, CHU de Lyon et Inserm U851
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