Asthme allergique sévère

Les biothérapies ajustent le tir

Publié le 29/05/2012
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Crédit photo : BSIP

LES BIOTHÉRAPIES ciblent certaines composantes impliquées dans la physiopathologie de l’asthme allergique : allergènes, cellules dendritiques, ganglions drainants et médiateurs, parmi lesquels on retrouve les IgE et leur interaction avec les mastocytes, mais aussi la libération de cytokines par les lymphocytes Th2. Les nouvelles thérapies en développement concernent essentiellement les anticorps monoclonaux dirigés contre des cytokines. Les anticorps contre les interleukines 13 (IL-13) et 5 (IL-5) figurent parmi celles les plus avancées.

Le lebrikizumab traitement expérimental anti-IL-13.

Le lebrikizumab est un anticorps monoclonal humanisé dirigé contre l’IL-13, cytokine sécrétée par les lymphocytes Th2 activés. Elle intervient dans la physiopathologie de l’asthme notamment en augmentant la sécrétion de périostine. Dans l’étude de phase II, MILLY, un essai randomisé en double aveugle contrôlé contre placebo (1), le traitement par le lebrikizumab, administré à la dose de 250 mg par voie sous-cutanée une fois par mois pendant 6 mois à des adultes asthmatiques non contrôlés, s’est traduit par une augmentation statistiquement significative (p = 0,02) du volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) de 5,5 % par rapport au placebo.

Les patients dont les taux de périostine étaient élevés avant traitement ont présenté, sous lebrikizumab, une amélioration plus marquée de la fonction pulmonaire, avec une augmentation relative de 8,2 % du VEMS par rapport à la valeur initiale (p = 0,03), par comparaison avec le groupe placebo. Au contraire, dans le sous-groupe à faible taux de périostine, le traitement par le lebrikizumab a résulté en une augmentation non significative du VEMS, de 1,6 % par rapport à la valeur initiale (p = 0,61).

Finalement, il semble bien que l’anti-IL-13 puisse avoir un bénéfice chez les patients répondeurs, c’est-à-dire ceux qui ont des valeurs élevées de périostine (et un de NO exhalé› 21). Un essai de phase III à plus grande échelle va prochainement débuter, et il essaiera de mieux caractériser le phénotype des patients répondeurs.

Des anti-IL-5 dans l’asthme sévère à éosinophiles.

L’IL-5 a un rôle essentiel dans l’inflammation éosinophile. Mais de premiers essais réalisés en 2000, 2003 et 2007 (2, 3, 4) avec le mepolizumab n’ont pas montré d’efficacité de cet anticorps monoclonal humanisé anti-IL-5 sur l’asthme ou la fonction respiratoire. Plus récemment, on s’est rendu compte qu’en se focalisant sur les patients asthmatiques requérant une corticothérapie au long cours et gardant une éosinophilie dans l’expectoration induite, on pouvait constater une efficacité clinique de l’anticorps en termes, par exemple, de pourcentage de patients faisant une exacerbation pendant le traitement (5).

D’autres études, dans d’autres pathologies, confirment que les anti-IL-5 sont associés à une réduction significative du recrutement des éosinophiles sur les lieux de l’inflammation. Mais leur efficacité clinique n’est pas pour autant démontrée dans tous les cas. La composante éosinophile pourrait ne pas être suffisante pour caractériser la population ciblée. En plus du paramètre du NO exhalé, dont on dispose à l’heure actuelle, il existe vraisemblablement d’autres marqueurs, sériques ou exhalés, qu’il va falloir développer pour mieux comprendre à quelle catégorie de patients asthmatiques s’adresse ce type de traitement. À suivre donc.

D’après un entretien avec le Pr Benoît Wallaert, pneumologue au CHRU de Lille, et sa communication « Actualités en thérapeutique ».

(1) Corren J et coll. Lebrikizumab Treatment in Adults with Asthma. N Engl J Med 2011; 365 (12):1088-98. Epub 2011 Aug 3.

(2) Leckie MJ et coll. Effects of an interleukin-5 blocking monoclonal antibody on eosinophils, airway hyper-responsiveness, and the late asthmatic response. Lancet 2000;356 (9248):2144-8.

(3) Flood-Page Pet coll. Eosinophil’s role remains uncertain as anti-interleukin-5 only partially depletes numbers in asthmatic airway. Am J Respir Crit Care Med. 2003;167(2):199-204. Epub 2002 Oct 17.

(4) Flood-Page P et coll. A study to evaluate safety and efficacy of mepolizumab in patients with moderate persistant asthma. Am J Respir Crit Care Med 2007;176 (11):1062-71. Epub 2007 Sep 13.

(5) Antoniu SA. Mepolizumab for difficult-to-control asthma with persistent sputum eosinophilia. Expert Opin Investig Drugs. 2009;18(6):869-71.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9132