On estime qu'en France, 30 % des diabétiques sont atteints de rétinopathie diabétique (RD). Le dépistage est mal suivi puisque, selon l'étude Entred 2007/2010, moins de la moitié des diabétiques avaient bénéficié d'un fonds d'œil (FO). Divers réseaux de dépistage de la RD par télémédecine ont vu le jour et permettent à la fois de gagner du temps médical et de toucher les populations précaires. Le réseau français Ophdiat en Ile-de-France regroupe ainsi 42 sites de dépistage, où des rétinophotographies sont réalisées par un technicien, puis envoyées pour l'interprétation à des ophtalmologistes. Il a ainsi réalisé 15 000 examens annuels depuis 2004.
La société francophone du diabète (SFD) a recommandé en 2016 de faire un bilan initial lors du diagnostic pour les diabètes de type 2 (DT2) ou les diabètes de type 1 (DT1) d'évolution lente, dans les 5 ans pour les DT1 à évolution rapide. Un FO doit être refait ensuite tous les ans s'il n'y a pas de RD ou qu'elle est minime. Il peut être espacé à tous les deux ans chez les DT2 à faible risque, ce qui est défini par l'absence de RD et un bon contrôle glycémique, ne requérant pas d'insuline.
L'absence de lésion de bon augure
Pour éviter les surconsultations et le surcoût des bilans annuels, l'étude Ophdiat a évalué l'incidence et la progression de la rétinopathie diabétique chez les DT1 et DT2 afin de redéfinir l'intervalle de dépistage en fonction des facteurs de risque. Elle a suivi 26 000 diabétiques indemnes de rétinopathie ou atteints d'une forme minime non proliférative au premier examen, avec un recul de plus de 10 ans.
Globalement, le diabète était moyennement équilibré, avec une HbA1c médiane de 8 %. Chez les 22 000 patients indemnes de RD à l'inclusion, l'incidence cumulée à 10 ans des RD de tous stades était de 58 % chez les DT1 et 46 % chez les DT2, de 19 et 17 % respectivement pour les RD à référer à l'ophtalmologiste (des RD modérées ou sévères, ou légères avec maculopathie). Pour les deux types de diabète, lorsque la RD était légère à l'inclusion (4 000 personnes), l'incidence cumulée à 10 ans des RD référables était inférieure à 50 %.
L'étude montrait que le risque d'apparition ou de progression de la RD, chez tous les diabétiques, était lié à durée d'évolution du diabète et au contrôle glycémique, ainsi qu'au sexe masculin et, en ce qui concerne le DT2, au traitement par insuline. La sévérité de la RD au premier dépistage est un facteur majeur d'incidence et de progression de la maladie.
L'étude a identifié le moment où 85 % des patients sont indemnes de RD référable : 7 ans pour le DT1 et 8 pour le DT2, en l'absence de lésions à l'inclusion… mais seulement un an en présence d'une RP minime à l'inclusion, et ce dans les deux types de diabète. « On pourrait donc envisager de passer l'intervalle de dépistage à 5 ans chez les DT2 sans RD, voire à 10 ans en l'absence de facteurs de risque », suggère la Dr Chloé Chamard (CHU de Montpellier).
Communication de la Dr Chloé Chamard (CHU de Montpellier)
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