Avec près d’un an de recul, on sait qu’il y a un lien étroit entre la sévérité du Covid-19 et les maladies cardiovasculaires. Ces dernières, en particulier les antécédents de maladie coronaire sont un facteur de risque de forme sévère.
Inversement, des dommages cardiovasculaires sont fréquemment rapportés dans les formes sévères : lésions myocardiques et myocardite, infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque et cardiomyopathie, arythmies, choc et arrêt cardiaque, événement thromboembolique veineux. Plusieurs explications physiopathologiques sont avancées pour expliquer ces dommages : toxicité directe du virus sur les myocytes, cardiopathie de stress associée, véritables ruptures de plaques, déjà décrites au cours de la grippe, anomalies microvasculaires…
Une maladie vasculaire
On peut considérer l'infection par le SARS-CoV-2 comme une maladie vasculaire, de l’endothélium. L’atteinte vasculaire touche aussi les artères pulmonaires, avec une incidence de 8,3 % de l’embolie pulmonaire (EP) et un taux de mortalité globale de 12,2 % dans une cohorte française de patients hospitalisés. Les facteurs de risque de faire une EP sont le sexe masculin et une inflammation importante.
Sur le plan pulmonaire, on observe parfois une progression très rapide des lésions au scanner chez des patients nécessitant une oxygénothérapie, mais aussi la présence de lésions caractéristiques, avec aspect en plages de verre dépoli, chez des sujets asymptomatiques… Un constat qui pose donc la question du nombre de patients pouvant avoir des lésions au scanner sans signes cliniques.
De même, on s’interroge aujourd’hui sur la persistance à long terme de lésions myocardiques, suggérée par une étude récemment publiée, qui avait mis en évidence un taux élevé (78 %) d’anomalies sur les IRM cardiaques réalisées au décours du Covid-19. Une étude toutefois avec des limites, notamment du fait de sa réalisation précoce (moins de six semaines), et donc dans une phase subaiguë de la maladie.
Microangiopathie diabétique et risque de décès
« L’étude Coronado, première étude au monde dédiée spécifiquement à cette problématique, mise en place très rapidement au cours de la première vague, avait pour objectif de décrire les caractéristiques phénotypiques des patients diabétiques hospitalisés pour Covid-19 dans les hôpitaux français, a rappelé le Pr Samy Hadjadj. Elle visait aussi à identifier les facteurs pronostiques de l’infection chez les diabétiques ».
Cette étude nationale rétrospective et prospective multicentrique (68 centre actifs publics et privés) portait sur 1 317 patients suivis entre le 10 et le 31 mars. De premières données avaient mis en évidence une surreprésentation masculine (69 %) chez ces sujets majoritairement diabétiques de type 2, âgés en moyenne de 70 ans, et dont l’IMC moyen était à 29 kg/m2. Cette analyse avait souligné l’impact délétère des complications macro et microvasculaires sur le risque de décès. De nouveaux résultats, portant cette fois sur 2 796 sujets, confirment l’association significative, à côté de l’âge avancé, entre le risque de décès et les complications microvasculaires (associées à un doublement du risque de décès), alors que les complications macrovasculaires n’augmentent que de 15 % ce risque (non significatif).
Une analyse plus fine de l’association entre les complications microvasculaires et les décès a pu être réalisée chez 1 755 patients pour lesquels des données phénotypiques complètes étaient disponibles. Parmi eux, 1 048 n’avaient pas d’atteinte microvasculaire et 707 en présentaient : historique de pied diabétique, rétinopathie diabétique sévère proliférative ou non, atteinte rénale.
Des atteintes surtout neurologiques et rénales
En analyse univariée, le risque de décès augmente dès la présence d’une complication microvasculaire. En analyse multivariée ajustée sur l’âge et le sexe, le risque de décès 28 jours après l’admission est doublé en cas d’atteinte neurologique ou rénale, tandis que l’augmentation de ce risque n’est pas significative en cas d’atteinte uniquement rétinienne. En cas d’association des trois types de complications microvasculaires, le risque est quasi quadruplé. Ces données sont importantes, même si une des limites de cette étude tient au faible nombre d’événements autres que rénaux.
D’après les communications du Dr Théo Pezel (Paris) et du Pr Samy Hadjadj (Nantes).
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