Le recul de la vaccination doit-il faire craindre un retour de maladies éradiquées ? Alors que les États-Unis sont confrontés à une résurgence des cas de rougeole, notamment une épidémie dans l'ouest du Texas avec plus de 620 personnes infectées, 64 hospitalisations et deux décès d’enfants, des chercheurs américains ont modélisé la propagation des maladies infectieuses selon différents niveaux de couverture vaccinale infantile.
Les résultats, publiés dans le Jama, ont de quoi inquiéter. Même aux taux de vaccination actuels (taux moyens de couverture entre 2004 et 2023), le modèle prédit que la rougeole pourrait redevenir endémique dans le pays d'ici à deux décennies et provoquer 851 300 cas, 170 200 hospitalisations et 2 550 décès en vingt-cinq ans. Si la couverture vaccinale contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) baissait de 10 %, « les cas de rougeole exploseraient » pour atteindre 11,1 millions en vingt-cinq ans, indique Mathew Kiang, professeur adjoint d'épidémiologie et de santé des populations à l’université de médecine de Stanford et auteur principal. À l’inverse, une couverture en hausse de 5 % n’entraînerait « que » 5 800 cas.
Scénario catastrophe en cas de recul drastique de la couverture vaccinale
Le modèle a aussi analysé d’autres pathologies infectieuses, moins contagieuses que la rougeole : la polio, la diphtérie et la rubéole. Aux niveaux actuels de couverture vaccinale, il est « peu probable » que ces maladies évitables ne redeviennent endémiques, selon les auteurs.
Dans un scénario catastrophe où la vaccination reculerait de 50 %, le modèle prévoit, sur vingt-cinq ans, 51,2 millions de cas de rougeole, 9,9 millions de rubéole, 4,3 millions de poliomyélite et 197 cas de diphtérie. Ce scénario entraînerait 10,3 millions d’hospitalisations, 159 200 décès et de nombreuses séquelles : séquelles neurologiques post-rougeoleuses (51 200 cas), syndrome de rubéole congénitale (10 700 cas) et poliomyélite paralytique (5 400 cas). Surtout, une rougeole endémique interviendrait après seulement 4,9 ans.
Ces résultats confirment la nécessité d’une couverture vaccinale élevée. Et ce d’autant qu’« une fois ces maladies déclarées, il faudra du temps pour les éliminer à nouveau », souligne le Dr Nathan Lo, professeur adjoint de maladies infectieuses à l’université de médecine de Stanford et dernier auteur.
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