Chez les seniors, les recommandations vaccinales sont « peu suivies » et la couverture stagne à un niveau « faible », alimentant « un fardeau médical et économique national de plus en plus lourd », déplore l’Académie de médecine, alors que l’épidémie de grippe circule à un niveau d’intensité élevée. Pour inverser la tendance, les Sages de la rue Bonaparte veulent faire de la vaccination des 65 ans et plus un « objectif prioritaire de santé publique. »
Dans un communiqué, l’Académie rappelle les effets délétères d’un défaut de vaccination chez les 65 ans et plus, et notamment la morbidité et la mortalité élevées associées à un épisode infectieux dans cette population, souvent couplées à un déclin fonctionnel post-infectieux « avec perte progressive de l’autonomie ». Au regard de ces effets, la couverture vaccinale des seniors reste largement insuffisante : elle n’est que de 54 % contre la grippe, 30 % contre le Covid, 5 % contre le pneumocoque et 4 % contre le zona.
Plusieurs éléments contribuent à ces mauvais résultats. Alors que le médecin traitant occupe un « rôle pivot », « le temps limité de la consultation médicale d’une personne âgée, déjà largement consacré au suivi de maladies chroniques, joue en défaveur de l’attention portée à la vaccination », juge l’Académie, mettant aussi en cause « l’isolement de certains seniors » et « le manque de coordination entre les différents acteurs de santé. »
L’Académie, qui avait fait des vaccins sa grande cause en 2024, avait organisé plusieurs colloques au cours de l’année, donnant la parole à de nombreux experts pour comprendre la réticence actuelle, repenser la politique vaccinale et identifier des actions concrètes pour améliorer la couverture dans les populations les plus vulnérables. L’intensité de la vague épidémique de cette saison hivernale et la mortalité qui y est associée rappellent à chacun la nécessité d’y parvenir.
Cinq vaccinations prioritaires
C’est dans ce contexte que l’Académie en appelle aujourd’hui à la mise en œuvre d’une « politique nationale de prévention » fixant comme prioritaires chez les seniors cinq « maladies cibles » : grippe, Covid-19, infections à pneumocoque et à virus respiratoire syncytial (VRS), zona.
Pour son déploiement, les professionnels de santé sont à mobiliser : « médecins, mais aussi pharmaciens et infirmiers depuis l’extension des compétences vaccinales », est-il rappelé. Ils doivent être incités à mettre à jour le statut vaccinal de leurs patients âgés sur la base des nouvelles recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS).
Pour les accompagner dans leur mission, il est préconisé d’« élargir l’usage du carnet de vaccination numérique » et de « saisir toute opportunité » de vacciner des seniors (consultations, hospitalisations, voyages à l’étranger, campagnes de vaccination). Il n’est jamais « trop tard pour vacciner une personne âgée », insiste l’Académie, « les effets de l’immunosénescence pouvant être surmontés par l’utilisation de nouveaux vaccins ou de nouveaux schémas vaccinaux. »
Le principe de l’« aller vers » avec des équipes mobiles de vaccination est à renforcer pour atteindre les résidents en Ehpad, les bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie vivant à domicile, parfois loin des centres de soins. Un « effort » est aussi à mener sur la vaccination des professionnels de santé et de l’aide à la personne exerçant au contact de personnes âgées, insiste encore l’Académie.
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