SELON la définition « officielle », on peut évoquer des coliques du nourrisson quand celui-ci pleure beaucoup, plutôt le soir, plus de trois heures par jour, plus de trois fois par semaine, plus d’une semaine. Toutefois, un très grand nombre de nourrissons pleurent sans atteindre ces trois heures quotidiennes. L’examen clinique est normal, l’enfant normal entre les crises et l’évolution sur la durée est favorable. Le terme colique paraît impropre puisque le lien entre les pleurs et d’éventuelles douleurs, du colon de surcroît, n’a jamais été démontré. L’inquiétude et le retentissement sur la vie familiale pouvant être majeurs, les pleurs doivent être pris en compte pour éviter d’éventuels sévices.
Un filtre clinique.
À l’origine de 5 % seulement de ces cas d’« inconfort », l’une quelconque des 53 pathologies organiques identifiées, telles une otite, une colique néphrétique, une torsion du testicule, etc. Le diagnostic est alors posé à 20 % sur l’histoire de la maladie, 40 % sur l’examen clinique et pour le reste sur l’évolution. Un « filtre clinique » soigneux est par conséquent indispensable. Les 95 % restants de « coliques » s’apparentent à des troubles fonctionnels, sur le modèle des douleurs abdominales fonctionnelles du grand enfant : des nourrissons régurgitent (plus de 50 %), d’autres pleurent, plus que d’habitude, ont des coliques possiblement et l’on ne doit pas s’inquiéter outre mesure. Ni explorer inutilement ces troubles ou les traiter médicalement. Les inhibiteurs de la pompe à protons par exemple ne sont pas indiqués sur des pleurs du nourrisson.
Le tour du pâté de maison.
Plusieurs petites solutions peuvent être suggérées comme bercer le nourrisson, l’emmailloter, lui faire faire le tour du pâté de maison en voiture (une recommandation de la Société américaine de pédiatrie !), lui donner des probiotiques, etc. Plus discutable, un régime pauvre en lactose (l’intolérance au lactose commençant vers 5 ans)… Les laits « anti-colique », qui abritaient parfois plus de lactose qu’un lait infantile « tout terrain », n’existent d’ailleurs plus, comme tous les laits qui faisaient état d’allégations non autorisées.
Lorsque les coliques sont sévères, surtout en cas d’atopie familiale, on peut tenter sur 15 jours environ un lait infantile à base de protéines hydrolysées, Nutramigen ou Althera par exemple, recommandés par le Comité de Nutrition de la Société française de pédiatrie, et qui ont fait la preuve de leur efficacité allergologique et nutritionnelle. En cas d’allaitement maternel (il n’est pas question de l’interrompre), un régime sans protéines du lait de vache peut être tenté chez la maman.
*Le Dr Olivier Mouterde a ou a eu des liens d’intérêt avec la majorité des fabricants de lait infantile, mais met un point d’honneur à ce que cela n’influence pas son propos.
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