Comme l’a rappelé le Pr Jacques Amar, « les diabétiques meurent de maladies cardiovasculaires et aucun médicament ne permet de vraiment réduire ce surrisque ». Il faut agir en amont et parmi les voies de recherches menées depuis plusieurs années : le rôle causal possible du microbiote. Le facteur déclenchant le diabète est présent très tôt dans la vie et le poids chez l’enfant prédit le risque de diabète et de décès cardiovasculaire à l’âge adulte. « Il y a donc une programmation précoce, qui peut découler de divers éléments : gènes, métagènes avec un rôle de l’allaitement maternel dans leur transmission, a précisé le Pr Amar. Les métagènes sont associés aux maladies métaboliques et, selon les travaux de Gordon publiés en 2006, l’obésité est une maladie transmissible. Des souris axéniques colonisées par les fèces de souris obèses deviennent obèses. »
Chez l’homme, la flore intestinale et ses gènes diffèrent chez les diabétiques et les non diabétiques.
Les travaux menés à Toulouse sur le microbiote tissulaire -la flore présente dans les tissus- ont permis de montrer que la concentration sanguine d’ADN bactérien augure du risque de diabète à moyen terme et que la charge bactérienne prédit le risque cardiovasculaire. Des chercheurs américains ont de leur côté mis en évidence une relation entre un produit du métabolisme bactérien (oxyde de triméthylamine, TMAO) et l’athérosclérose, sur un modèle murin puis chez l’homme. La concentration en TMAO paraît associée au risque cardiovasculaire et ce métabolite peut être modulé par une antibiothérapie chez l’homme.
« Les arguments s’accumulent aujourd’hui pour souligner le rôle de la flore, avec un impact très précoce », a estimé le Pr Amar. Peut-on agir sur cette dysbiose ? Il ne s’agit pas d’une infection aiguë et il faut donc modifier un équilibre dynamique présent très tôt au cours de la vie. Les essais avec les antibiotiques ont globalement échoué. La transplantation de flore n’a pas fait ses preuves dans les maladies cardiovasculaires, mais elle est efficace dans les infections récidivantes à Clostridium difficile chez le patient immunodéprimé. Des résultats spectaculaires ont été obtenus après instillation de fèces de sujets normaux.
Quant aux probiotiques ils font actuellement l’objet de nombreuses recherches.
D’après la communication du Pr Jacques Amar, Toulouse.
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