ANTIDIABÉTIQUE oral de référence, la metformine est un biguanide prescrit actuellement à environ 120 millions de personnes dans le monde. La mise en évidence du rôle du suppresseur de tumeur LKB1 dans son mode d’action a ouvert de nouvelles perspectives dans le traitement du cancer dès 2005, où une étude épidémiologique rétrospective publiée par le groupe de Dario Alessi (1) suggère pour la première fois que la metformine peut réduire le risque de cancer chez les diabétiques de type 2. Un résultat qui sera précisé ultérieurement par des études épidémiologiques, rétrospectives également, montrant un moindre développement de cancers de la prostate et du sein sous metformine.
Études précliniques
Les travaux d’Issam Ben Sahra et ses collègues montrent in vivo chez la souris un effet antitumoral de la metformine contre des cellules cancéreuses humaines de la prostate (2), des résultats confirmés par de nombreux groupes avec d’autres types de cellules telles que celles du pancréas (3), ou chez des animaux exposés à un carcinogène dans le cas de la prévention du cancer du poumon (4). Intérêt supplémentaire, la capacité de la metformine à augmenter l’efficacité de la chimiothérapie sur des cellules cancéreuses du sein, de la prostate, et du poumon (5) est mise en évidence chez l’animal ; avec un aspect important, le ciblage spécifique des cellules souches cancéreuses résistantes, souvent à l’origine des récidives.
Et essais cliniques
Encouragés par ces résultats sur des modèles animaux, plus de 20 essais cliniques ont été lancés ces dernières années. Le premier d’entre eux, à court terme et incluant un petit nombre de participants non diabétiques (23 au final), suggère un effet protecteur de la metformine contre le cancer colorectal, du fait d’une diminution (-41,8 %, p = 0,007) du taux de lésions prénéoplasiques, les foyers de cryptes aberrantes (6). Ces bénéfices prometteurs laissent espérer des résultats positifs pour les autres essais en cours, qui ne seront connus que d’ici 3 ou 4 ans. En attendant que les essais cliniques chez des patients non diabétiques apportent des réponses plus claires, les études réalisées chez les diabétiques restent toutes épidémiologiques et rétrospectives.
Sans rentrer dans les détails mécanistiques, objets d’intenses recherches, il faut souligner la découverte récente qu’une nouvelle protéine, REDD1, pourrait être le médiateur des effets anticancéreux de la metformine (7). Cette protéine pourrait alors être une nouvelle cible thérapeutique…
D’après la communication du Dr Frédéric Bost, INSERM U895, Université de Nice Sophia-Antipolis.
(1) Evans JM et coll. BMJ. 2005;330(7503):1304-5.
(2) Ben Sahra I et coll. Oncogene. 2008;27(25):3576-86.
(3) Kisfalvi K et coll. Cancer Res. 2009;69(16):6539-45.
(4) Memmott RM et coll. Cancer Prev Res (Phila). 2010;3(9):1066-76.
(5) Iliopoulos D et coll. Cancer Res. 2011;71(9):3196-201.
(6) Hosono K et coll. Cancer Prev Res (Phila). 2010;3(9):1077-83.
(7) Ben Sahra I et coll. Cancer Res. 2011;71(13):4366-72.
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