Les « serious game », jeux vidéos sérieux dédiés à la santé, se sont fait une place dans l’arsenal thérapeutique. Médias d’un nouveau genre, encore méconnus et en plein essor, ces jeux utilisent les forces du jeu vidéo ludique, à des fins pédagogiques. La diététique, les autocontrôles et l’adaptation des doses constituent les thèmes abordés jusqu’ici par les jeux qui concernent la prise en charge du diabète de type 1. Le principe, dans tous les cas, est la mise en situation et la résolution de problèmes, pour permettre d’améliorer les apprentissages.
Les jeux élaborés par l’association Les Diablotines pour promouvoir l’éducation thérapeutique dans le diabète de type 1 sont les premiers à s’intéresser à l’insulinothérapie fonctionnelle, à l’utilisation de la pompe à insuline et à celle du CGM personnel (Continuous glucose monitoring) ; toutes situations qui impliquent des efforts importants de la part du patient, de la disponibilité de la part des soignants pour son apprentissage puis son soutien, et des modalités d’éducation homogènes dans tous les centres, dans la mesure du possible. Chacun peut utiliser les jeux interactifs proposés en accès libre et gratuit sur la plateforme internet anglophone et francophone www.gluciweb.com, conçue et animée par l’association et une équipe du service d’endocrinologie du CHU de Caen.
Des jeux d’aventure interactifs avec un héros diabétique.
Outre des jeux de quizz, les deux principaux serious game sont des jeux d’aventure dont le principe est d’aider le personnage principal, diabétique, à mener une mission tout en gérant au mieux son diabète. Le premier jeu, « L’affaire Birman », s’adresse plus particulièrement aux enfants et aux adolescents. Rendu vraiment interactif par un simulateur semi-quantitatif de variations glycémiques, il intéresse l’insulinothérapie fonctionnelle en multi-injections. « Time out » est un jeu plus récent, conçu pour une cible un peu plus âgée, celle des adolescents et des jeunes adultes. Il s’agit là d’insulinothérapie fonctionnelle par pompe avec une option permettant le couplage ou non à un capteur de glycémie. Parallèlement, un simulateur de variations glycémiques en temps réel permet de le rendre plus réaliste. Le déroulement de ces jeux est rythmé par des situations de déstabilisation glycémique telles que des repas dont le joueur doit analyser le contenu en glucides afin de choisir la dose d’insuline nécessaire selon la prise alimentaire, le chiffre glycémique et les paramètres d’insulinothérapie fonctionnelle du personnage qui sont mis à disposition. Selon le choix thérapeutique du joueur, le héros pourra présenter des événements hypo- ou hyperglycémiques qui nécessiteront une prise en charge adaptée.
Un rapport détaillé exportable, édité à la fin de chaque partie, propose en parallèle la courbe de glucose interstitiel du personnage et les différentes actions thérapeutiques et prises alimentaires réalisées au cours de la partie. Il offre ainsi au médecin une synthèse du comportement thérapeutique du patient au cours du jeu, qui peut être utilisée comme support d’un entretien éducatif.
On voit que ces deux serious game ne se substituent pas aux programmes d’éducation thérapeutique proposés par les professionnels de santé mais constituent des outils à la disposition des équipes qui peuvent être utilisés dans le cadre de programmes déjà existants pour l’initiation, le renforcement et l’évaluation. Une étude prospective multicentrique a débuté pour leur évaluation. LUDIDIAB concerne des diabétiques de 11 à 18 ans traités en multi-injections ou par pompe, dont le diabète est connu depuis au moins un an. L’essai clinique mesure l’impact des jeux sur les connaissances et l’adhésion thérapeutique ainsi que sur le taux d’HbA1c, et mettra en évidence d’éventuelles différences en fonction des centres, du type d’éducation initiale, et de l’adhésion des équipes.
D’après la communication du Dr Michaël Joubert, service endocrinologie et diabétologie, CHU de Caen.
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