Risques de cardiomyopathies liées aux traitements anticancéreux.

Agir avant la défaillance cardiaque

Publié le 30/05/2013
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Crédit photo : BSIP

LES PROBLÈMES CARDIOVASCULAIRES représentent la cause la plus importante de mortalité chez les personnes guéries d’un cancer. Une certaine cardiotoxicité, aiguë et à long terme, vient en effet assombrir les effets antitumoraux bénéfiques d’agents chimiothérapeutiques comme la doxorubicine et le 5-fluorouracile, ainsi que ceux de la radiothérapie thoracique de certains cancers (poumon, sein, maladie d’Hodgkin…). Elle se traduit par des anomalies variées comme des valvulopathies, des coronaropathies, des arythmies ou une insuffisance cardiaque liée à une dysfonction systolique ventriculaire gauche. Leur stade final, la défaillance cardiaque (DC), est une cause majeure de morbidité et de mortalité. Des patients pédiatriques guéris d’un cancer peuvent ainsi souffrir de DC 40 ans après avoir été traités. Si l’onco-cardiologie a pour objet de comprendre les mécanismes physiopathologiques de la toxicité cardiaque des anticancéreux afin d’accéder à la maîtrise de sa prévention et de sa prise en charge, c’est du suivi régulier des patients que dépend sa détection, avec au centre un rôle fondamental du médecin généraliste. La mise en lumière du lien entre traitement anticancéreux et problèmes cardiaques est récente, explique Éric Morel. Beaucoup de données se sont accumulées sur les patients pédiatriques, mais c’est seulement maintenant qu’apparaissent les résultats d’études cliniques sur des patients de 50-60 ans traités pour cancer. Ils développent des cardiomyopathies avec une grande fréquence, et de façon très rapide (1 an voire 6 mois), le délai raccourcissant avec l’âge. Les médecins généralistes doivent être alertés sur ces problèmes afin de rester vigilants, souligne Ana Maria Gomez. Les patients traités pour des cancers doivent faire l’objet d’un suivi prolongé et régulier. Par exemple, porter plus d’attention aux paramètres cardiaques lors de bilans peut permettre une prise en charge rapide avant d’atteindre le stade de DC.

› DOMINIQUE MONNIER

D’après un entretien avec les Drs Ana Maria Gomez, directeur de recherche INSERM, responsable de l’équipe Signalisation calcique et physiopathologie cardiaque INSERM - Université Paris-Sud, UMR-S 769, Châtenay-Malabry, et Éric Morel, MCU Université Paris-Sud, UMR-S 769, porteur du projet « Nouvelles stratégies pour lutter contre la cardiotoxicité des thérapies anticancéreuses » pour le laboratoire d’excellence en recherche sur le médicament et l’innovation thérapeutique (LabEx LERMIT) et la présentation « Effets des traitements anticancéreux sur la signalisation calcique du cardiomyocyte » de Ana Maria Gomez.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9246