Vapoter au lieu de fumer

Une nouvelle tendance tout bénéfice pour le sevrage tabagique.

Publié le 30/05/2013
Article réservé aux abonnés
1369876599435406_IMG_105696_HR.jpg

1369876599435406_IMG_105696_HR.jpg
Crédit photo : BSIP

PERÇUE comme utile pour arrêter de fumer, la cigarette électronique ou « e-cigarette » a envahi notre société. La satisfaction de l’utilisateur vient de sa ressemblance avec la cigarette classique, inhalation et expiration de vapeur visible, saveur agréable, reproduction de la gestuelle et, pour celles qui contiennent de la nicotine, obtention de la sensation caractéristique de « throat hit ». Simple effet de mode, aide véritable au sevrage tabagique, ou bien danger potentiel, elle interpelle les tabacologues. « Si ce dispositif aide les gens à arrêter de fumer ou à limiter les risques, et que le taux de monoxyde de carbone (CO) mesuré en consultation est extrêmement faible, cet appareil leur aura rendu service », répond le Dr Mathern. L’ennemi est la cigarette pas la e-cigarette !

Des études pointent les bénéfices du vapotage sur le désir de fumer, avec une disparition du craving après 20 minutes d’utilisation ; sur la réduction du risque tabagique, avec l’obtention d’une diminution significative de la consommation de cigarettes au bout de 24 semaines ; ainsi que sur l’arrêt total du tabac. La synthèse de Michael Siegel et col (1) fait état de 36 % d’arrêts à 6 mois, ce qui correspond aux meilleurs résultats obtenus par les équipes de tabacologues. Une première étude française, menée auprès de 100 fumeurs n’ayant aucune intention d’arrêter de fumer constate un arrêt complet de la cigarette au bout de 3 mois chez 11 % de ceux ayant essayé la e-cigarette (2), tandis que tous ceux ayant alterné vapotage et cigarette ont diminué leur tabagisme. Un intérêt donc pour se motiver au sevrage, en plus d’en être un outil possible.

Certains arguent de toxicité.

Finies pourtant les inquiétudes liées à la fabrication chinoise et au manque de contrôles. Aujourd’hui le e-liquide du réservoir est fabriqué principalement en France, certifie Gérard Mathern. Sa composition, calibrée, obéit à des normes et fait l’objet de contrôles de fabrication de plus en plus affinés. Pas de toxicité connue des composants, propylène glycol (PG) et glycérine qui s’ajoutent à des arômes pour une saveur attractive. Il n’y a pas d’effet cytotoxique de la vapeur émise d’après une étude récente. Mais la toxicité à long terme des arômes et du PG par voie inhalée reste inconnue faute de recul. Certains produits potentiellement dangereux sont présents à des concentrations infinitésimales dans la vapeur et aucune étude de longue durée n’a pu encore être menée. Une incertitude qui empêche en France des organismes comme l’ANSM de recommander l’usage de la e-cigarette, produit de consommation courante impossible à prescrire. On en connaît néanmoins un intérêt évident, celui d’éviter le dégagement du CO et des produits organiques cancérigènes typiques à la cigarette classique.

D’après la présentation « Actualités sur la cigarette électronique » du Dr Gérard Mathern, pneumologue-tabacologue, St Chamond. Secrétaire général de la Société française de tabacologie et président de l’Institut Régional Rhône-Alpes-Auvergne de Tabacologie (IRRAT).

(1) Cahn Z, Siegel M. Electronic cigarettes as a harm reduction strategy for tobacco control: a step forward or a repeat of past mistakes? J Public Health Policy. 2011 Feb;32(1):16-31.

(2) Granger J et Cornette B. 2012. Observation de l’acceptation de la cigarette électronique. Résultats à trois mois. Non publié à ce jour. Disponible à l’adresse : https://docs.google.com/document/d/1R93I9PNgUODplREypnzdM-amwnLoDOJCl8S…

 DOMINIQUE MONNIER

Source : Le Quotidien du Médecin: 9246