24 avril 2023. « Recruter 25 000 soignants ? La belle affaire ! Mme Pécresse le promettait déjà il y a tout juste un an, et les établissements ne voient toujours rien venir… Dans une fonction publique hospitalière qui compte plus d’un million d’agents, cela ne devrait pourtant pas être si difficile que cela. » Ainsi ironisait à la tribune de l’Assemblée nationale le 23 avril dernier Richard Ferrand, leader du groupe En Marche au Palais-Bourbon, alors que les députés commençaient à examiner les articles relatifs aux effectifs hospitaliers de la future loi « Santé pour tous ». Une loi, qui, justement, propose le recrutement de 25 000 soignants.
Il semblerait d’ailleurs que ce chiffre, qui figurait en bonne position dans le programme de Valérie Pécresse en 2022, soit en passe de devenir un véritable totem politique. Cherchant à nuancer son image de tueuse de dépense publique, la candidate avait en effet pris appui sur l’augmentation du nombre de blouses blanches pour attirer un électorat centriste sensible à la condition des hospitaliers. « 25 000, M. Macron, je recruterai 25 000 soignants, alors que vous resterez dans l’Histoire comme le président des 150 000 morts du covid », avait-elle asséné lors de son mémorable débat d’entre-deux tours face à l’ex-président.
À peine arrivée à l’Élysée, la présidente avait d’ailleurs tenté de donner immédiatement corps à sa promesse en organisant son fameux « job dating géant » durant l’été 2022. Une opération de communication qui n’a jamais été évaluée, souligne-t-on dans les rangs de l’opposition. Mais la réapparition du chiffre de 25 000 recrutements dans la loi « Santé pour tous » montre bien qu’elle n’a pas atteint ses objectifs.
243 millions pour la formation
Concrètement, le texte prévoit d’investir 243 millions d’euros par an dans l’augmentation des capacités des Instituts de formations aux soins infirmiers (Ifsi) et Instituts de formation des aides-soignants (Ifas). La création de structures privées, aujourd'hui ultra-minoritaires, sera encouragée via des crédits d’impôts. Des passerelles entre les formations universitaires en psychologie, biologie ou physique et les formations soignantes seront par ailleurs instaurées.
Les nouveaux recrutés pourraient par ailleurs bénéficier d’une exemption à la drastique réforme des retraites votée l’hiver dernier : les soignants nouvellement arrivés sur le marché du travail pourraient ainsi bénéficier du seul régime spécial subsistant.
Dire que le plan gouvernemental n’a pas convaincu la chétive opposition de gauche serait un euphémisme. « Sans revalorisation salariale de 50 % en début de carrière, les postes d’infirmières et d’infirmiers, d’aides-soignantes et d’aides-soignants ne trouveront jamais preneurs », a prédit Sandrine Rousseau, porte-parole du groupe « écologiste, féministe et solidaire », le plus fourni de ce côté-ci de l’hémicycle bien qu’il ne comporte que 17 députés.
Juvin défend son plan
« Qui veut privatiser la santé commence par privatiser les formations ! », s’est insurgée Mathilde Panot, qui a pris la tête des 12 députés insoumis depuis le départ à la retraite de Jean-Luc Mélenchon. Richard Ferrand, quant à lui, a conclu son intervention en prophétisant que « ces mesures ne produiront d’effet que dans des années, voire des décennies ».
« Quel culot ! lui a répondu le premier ministre Philippe Juvin. Est-ce à vous que je dois rappeler les propos d’un certain Olivier Véran ? “Je n’ai pas de médecins cachés dans le placard, ni des infirmières qui attendent dans une salle qu’on appuie sur un bouton pour les déployer dans les hôpitaux”, disait votre collègue quand il était ministre de la Santé ! A-t-on la mémoire si courte chez En Marche ? »
La réaction de l’intéressé, qui observait la scène depuis son banc de député de l’Isère, n’a malheureusement pas pu être observée : un masque FFP2, devenu obligatoire depuis le 1er avril dans tous les lieux publics sans exception, lui couvrait le visage.
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