27 juin 2022. Ils sont venus, ils sont tous là. Contrairement à ce qu’on aurait pu anticiper, les leaders des syndicats de médecins libéraux n’ont pas boudé l’invitation à déjeuner de la nouvelle locataire de l’Élysée, qui les conviait hier dimanche à s’abriter de la chaleur caniculaire de ce mois de juin finissant pour un déjeuner à l’ombre des arbres des jardins du palais présidentiel.
On aurait pourtant pu croire que le menu impropre à attirer les représentants de la profession, non pas en raison des fruits et légumes de saison devenus obligatoires en vertu de l’accord électoral passé avec les écologistes, qui a banni la viande de toutes les réceptions officielles, mais en raison du sujet des discussions : les modalités d’installation pour faire face à la désertification médicale. Et pourtant, pas un ne manquait à l’appel. Mais il y a une grande différence entre être présent et être prêt à échanger. Les élus des médecins l’ont bien montré.
Cymes à la baguette
En amont de la réunion, le Dr Michel Cymes, nouveau ministre de la Santé, avait pourtant présenté quelques pistes de réflexion censées décrisper la situation.
« Nous voulons coconstruire le dispositif avec les médecins, avait déclaré l’ex-star de la télé devenue l’une des nombreuses personnalités de la société civile entrées dans le gouvernement de la Première ministre Christiane Taubira. Nous leur demandons d’ailleurs de faire des propositions pour améliorer la répartition sur le territoire, propositions que nous nous engageons à utiliser comme base de réflexion pour la loi "Oasis" [pour "Organisation améliorée des soins intégrés et solidaires", nom de la future loi sur les déserts médicaux, ndlr]. »
Menaces de grève
Mais en guise de propositions, c’est une quasi-déclaration de guerre que les chefs des syndicats représentatifs sont venus apporter à l’Élysée. « Je suis un républicain, et je n’avais aucune raison de ne pas me rendre à l’invitation de la présidente, a déclaré, visage fermé, le Dr Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre - syndicat (UFML-S), en sortant de la réception. Mais la République, c’est aussi la liberté d’expression, et Mme Hidalgo m’a entendu ! »
Le Dr Jacques Battistoni, président de MG France, a de son côté déclaré qu’il regrettait que le déjeuner n’ait pas permis à la présidente de réaliser « que la contrainte ne résoudra pas le problème qu’elle cherche à résoudre, et ne fera au contraire que l’aggraver ». Et si la nouvelle majorité ne change pas rapidement son fusil d’épaule, le généraliste l’assure, « il y aura une grève dont on se souviendra ».
Conventionnement sélectif
Quelle est désormais la prochaine étape ? Le gouvernement doit dès la semaine prochaine détailler ses options, qui ne seront donc pas négociées avec les médecins. Michel Cymes a notamment évoqué le conventionnement sélectif pour les nouveaux installés, la limitation du temps partiel en zone sous-dense, l’obligation d’exercer en centre de santé une journée par semaine, ou encore quelques années d’exercice obligatoire en zone rurale à la sortie des études…
« Madame Hidalgo ferait mieux de renoncer, a estimé Corinne Le Sauder, présidente de la Fédération des médecins de France (FMF). Après tout, son programme ne promettait que de nous réunir pour négocier de nouvelles modalités d’installation. C’est fait, nous nous sommes réunis, promesse tenue, passons à autre chose ! »
Mais ce message a fort peu de chances d’être entendu par la présidente de la République, qu’on voit mal reculer sur une proposition qui lui a permis de reconquérir une partie des électeurs des zones qui souffrent le plus de la pénurie médicale : cet électorat est justement l’un des principaux terrains d’affrontement avec Marine Le Pen, son adversaire du deuxième tour de l’élection présidentielle qui, avec ses 157 députés élus lors des législatives de la semaine dernière, dirige désormais la principale force d’opposition à l’Assemblée nationale.
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