Mercredi 29 juin. À peine installé dans le fauteuil d’Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon s’est mis au travail pour donner vie à l’une des promesses phare de sa campagne : la création d’un « corps de médecins généralistes fonctionnaires ».
Une réunion en visio (comme le veut le protocole sanitaire renforcé, en vigueur depuis début mai pour contrer la septième vague de coronavirus due au variant kappa) s’est tenue à cet effet mardi matin. Y participaient, outre le locataire de l’Élysée et le ministre de la Santé Patrick Pelloux, les représentants des principaux syndicats de libéraux et autres fédérations hospitalières. Et le moins que l’on puisse dire est que la réforme envisagée n’a pas fait l’unanimité.
« Une sorte de kolkhoze de la médecine générale »
« Le président veut prendre les libéraux qui exercent encore dans nos campagnes pour les embrigader dans une sorte de kolkhoze de la médecine générale, s’est indigné le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Ce faisant, il ne fera que déplacer les déserts et n’aura pas plus de succès que le modèle soviétique dont il s’inspire. »
Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) a de son côté usé d’un ton plus mesuré, mais il ne mise pas davantage sur le succès de l’entreprise présidentielle. « Cela fait des années et des années que nous autres hospitaliers avons les plus grandes peines du monde à recruter et salarier des médecins, et nous souhaitons bonne chance au président Mélenchon dans cette entreprise, a déclaré Frédéric Valletoux. Mais à moins qu’il ne trouve une baguette magique permettant de multiplier les médecins comme certains ont multiplié les pains, nous ne voyons pas comment il pourrait réussir là où nous échouons depuis si longtemps. »
32 heures de travail par semaine
Insensible à ces critiques, Patrick Pelloux a, lors d’un point presse en ligne qui a suivi la réunion, juré que la planification établie par la France insoumise et ses alliés communistes, socialistes et écologistes se déroulerait comme prévu : les internes en médecine générale volontaires se verront dès la rentrée de septembre proposer un surcroît de rémunération de 114,70 euros mensuels pendant leurs études s’ils s’engagent à exercer pendant 10 ans, une fois diplômés, dans l’un des centres de santé gérés par l’État que le gouvernement s’apprête à créer. Certains centres de santé déjà existants pourront par ailleurs être labellisés par les Agences régionales de santé (ARS) afin de les accueillir.
Notons par ailleurs que les contrats de travail des généralistes seront des contrats de 32 heures, comme le veut la législation sur le temps de travail en préparation. Et en attendant que suffisamment de jeunes généralistes sortent des facultés de médecine, le ministre a indiqué que les médecins travaillant actuellement dans les administrations seraient incités à retourner sur le terrain.
« Une nouvelle chasse aux sorcières »
Ce point, qui n’avait semble-t-il pas été évoqué lors de la réunion avec les syndicats et les fédérations hospitalières, a déclenché l’ire de la CSMF. « Patrick Pelloux lance une nouvelle chasse aux sorcières pour débusquer les médecins qui exercent dans des bureaux ! », s’est indigné le syndicat sur Twitter.
Reste à savoir si le plan gouvernemental passera l’été. Le Dr Olivier Véran, prédécesseur de l’urgentiste le plus célèbre de France avenue Duquesne, est en effet bien décidé à faire feu de tout bois contre les ambitions de la nouvelle majorité. « Nous saisirons le Conseil d’État, le Conseil constitutionnel et même la Cour européenne de justice s’il le faut », a prévenu celui qu’Emmanuel Macron, dans son discours d’adieu, avait désigné comme continuateur de son œuvre.
Car si le neurologue, balayé comme tant de marcheurs par la vague « rouge-rose-vert » des législatives, a repris un poste au CHU de Grenoble, il convient de ne pas se tromper : en tant que nouveau délégué général d’En Marche, il est l’héritier présomptif du président déchu et c’est lui qui fait désormais figure de leader de l’opposition.
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