Politique-fiction : « Grande Sécu », le projet oublié de Macron recyclé par la gauche pour 2027

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Publié le 29/12/2021
Promesse envolée d’un Emmanuel Macron alors candidat à sa réélection, la « Grande Sécu » vantée lors de la campagne de 2022 devient une arme à double tranchant dont s’est saisie la candidate d’union de la gauche pour 2027, l’Insoumise Caroline Fiat… Pendant les fêtes de Noël, retrouvez chaque jour un nouvel épisode de notre série de politique-fiction sur la présidentielle 2022.

Crédit photo : AFP

30 décembre 2026. Qu’il est loin, le jeune homme impétueux de 2017 qui entendait renverser la table ! Qu’il est loin, le président-chef-de-guerre-sanitaire de 2022 qui avait conduit la bataille contre le Covid-19 ! L’élection présidentielle qui arrive se tiendra sans Emmanuel Macron, et celui-ci se retrouve assigné à un rôle auquel il n’est guère habitué : celui, sinon de figurant, du moins de personnage secondaire.

Comble du malheur, celui qui occupera encore l’Élysée pour cinq mois doit en cette année 2026 finissante se prêter au jeu des bilans : partisans et adversaires du chef de l’État piochent dans ses dix années de règne pour y trouver des arguments dans un combat qui ne le concerne plus que de loin. Et justement, l’étoile montante de la gauche et leader de la France Insoumise, Caroline Fiat, a trouvé comment apporter de l’eau à son moulin en exhumant une promesse oubliée de 2022 : la « Grande Sécu ».

Fusion des régimes obligatoire et complémentaire de la Sécurité sociale

Celle qui a créé la surprise en remportant haut la main la primaire de la gauche face aux revenantes Cécile Duflot et Najat Vallaud-Belkacem a en effet placé, lors de la présentation, hier mardi, de son programme au Zénith de Clermont-Ferrand, la fusion entre les régimes obligatoire et complémentaire de la Sécurité sociale au cœur de son action dans le domaine de la santé.

« Qui se rappelle de la "Grande Sécu" de Macron ?, a demandé l’ex-aide-soignante devant les 9 000 militants écologistes, socialistes, communistes et insoumis venus l’acclamer. Il voulait supprimer les complémentaires, et comme tant d’autres de ses belles promesses, celle-ci pourrit aujourd'hui dans les poubelles de l’Histoire. Mais ce que Macron n’a pas fait, nous allons le faire, en mieux ! »

Double lobbying

Il faut dire que le projet macronien n’était pas né sous les meilleurs auspices. Introduit dans le premier Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) du second quinquennat de l’actuel locataire de l’Élysée, il avait progressivement été réduit à peau de chagrin, à coups d’amendements introduits par des parlementaires venus aussi bien de la majorité que de l’opposition de droite. L’affaire s’était terminée par une réforme qui, loin de supprimer les complémentaires, en encadrait modestement les tarifs.

L’opposition de gauche avait alors, notamment par la voix de Caroline Fiat qui fut l’une des députées les plus actives sur le sujet, dénoncé le « double lobbying » des médecins libéraux et les assureurs contre ce projet.

Hausse des cotistions sociales

« Macron nous a baladés pendant dix ans au sujet des mutuelles, a lancé la candidate lors de son meeting clermontois. Lors de son premier mandat, il nous a fait le coup du “reste-à-charge zéro”, qui n’a fait que renforcer l’emprise des complémentaires sur la santé des Français. Il nous a ensuite vendu la “Grande Sécu” pour mieux l’abandonner en rase campagne. Avec nous, au moins, vous savez où vous allez. » Caroline Fiat a en effet présenté un projet qui, quoique radical, a le mérite de la clarté.

L’ensemble des prestations actuellement prises en charge par les assureurs complémentaires serait, selon les plans de l’union de la gauche, intégré dans le giron de l’Assurance maladie obligatoire. Le surcoût serait absorbé par une hausse des cotisations sociales, selon un partage égalitaire entre les employeurs et les salariés.

Les salariés des complémentaires recasés à la Sécu

Les employés des complémentaires se verraient proposer des reclassements soit à l’Assurance maladie, soit dans l’administration, soit dans la grande Agence nationale de la prévention des risques (ANPR), l’instance que l’union de la gauche entend créer afin de, selon les mots de son programme commun, « passer d’un système de soins à un système de santé qui englobe le préventif et le curatif à parts égales ». Reste à savoir si le double lobbying dont se plaignait la candidate en 2022 ne risque pas, si elle est élue en 2027, de renaître de ses cendres.


Source : lequotidiendumedecin.fr