15 octobre 2023. C’est bel et bien une valse à trois temps que dansent le président de la République Yannick Jadot et le premier ministre Julien Bayou : une valse dont l’implacable tempo semble imposer un remaniement tous les six mois. Après ceux d’octobre 2022 et d’avril 2023, le troisième chamboulement de l’équipe gouvernementale qui vient d’être annoncé comporte plusieurs entrées et sorties de personnalités importantes… Mais aucune n’aura suscité autant d’étonnement que celle qui concerne le ministère dit de la « Grande santé ».
On se souvient que lors de la campagne électorale de 2022, le candidat Jadot avait imaginé ce portefeuille des plus épais pour promouvoir une politique de la santé permettant non seulement d’agir sur le système de soins, mais aussi sur l’ensemble des déterminants sociaux de la santé.
C’est ainsi qu’aux services traditionnellement gérés par l’avenue Duquesne avaient été ajoutés ceux habituellement placés sous la responsabilité des ministères de l’Environnement et de l’Agriculture.
De Batho à Jomier
Delphine Batho, première titulaire de ce maroquin aux proportions démesurées, s’était retrouvée face à d’inédites problématiques de découpage administratif : si les fonctionnaires contrôlant la qualité de l’air de l’ex-ministère de la Transition écologique pouvaient comprendre pourquoi ils se retrouvaient placés sous l’égide d’une politique avant tout orientée vers l’amélioration de la santé, il n’en allait pas de même pour ceux qui étaient chargés de la politique énergétique. Idem à l’ex-ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, où les services gérant le Nutriscore parvenaient bien mieux à s’orienter que ceux gérant les quotas laitiers.
Exfiltrée pour devenir commissaire européenne chargée du Polexit dès le remaniement d’octobre 2022, Delphine Batho avait alors été remplacée par l’ex-marcheur Cédric Villani, qui avait hérité d’un ministère aux contours redessinés.
Scandale d'abus sexuel
L’alimentation et les déterminants de la santé faisaient bien partie de ses prérogatives, mais pas l’agriculture et l’énergie, redevenus des ministères à part entière. Quand en avril dernier, le mathématicien a succédé à Antonio Guterres à la suite de sa démission surprise du secrétariat général des Nations Unies, c’est l’ex-sénateur et généraliste Bernard Jomier qui avait repris les rênes du paquebot ministériel de la « Grande Santé ».
Hélas, il était écrit que ce navire ne voguerait pas en eaux calmes : le scandale d’abus sexuel au ministère de l’Économie, sur lequel il n’est pas besoin de revenir, a obligé MM. Jadot et Bayou à transférer le Dr Jomier de l’avenue Duquesne à Bercy. Qui serait assez téméraire pour prendre sa suite dans une fonction qu’une malédiction semblait avoir frappée, limitant la longévité de ceux qui l’exerçaient à une malheureuse moitié d’année ?
Retour inattendu
Le moins que l’on puisse dire est que pour répondre à cette question, le duo exécutif a fait preuve d’une inventivité remarquable, tout en se plaçant dans une certaine continuité historique : ils sont en effet allés chercher l’une des anciennes titulaires du ministère de la Santé : Marisol Touraine. Celle qui fut l’une des ministres de la Santé les plus détestées des médecins a en effet accepté de quitter son exil genevois, où elle présidait depuis 2019 aux destinées de l’organisation onusienne Unitaid.
« C’est avec une grande émotion que je retrouve ces murs, et c’est avec une grande fierté que je vois les responsabilités de ce ministère accrues », a déclaré l’ex-ancienne ministre sur Twitter lorsque sa nomination a été rendue publique.
Elle a par ailleurs indiqué se mettre immédiatement au travail, car sur sa table l’attendent des dossiers tous plus brûlants les uns que les autres : scandale sanitaire en cours à propos des pénuries de paracétamol et d’amoxicilline, bronca des médecins en lutte contre les restrictions votées à leur liberté d’installation, épidémie d’Ebola qui menace de franchir la Méditerranée… De quoi faire sauter un ministère en moins de six mois.
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