LES ENFANTS atteints d’une maladie chronique affectant l’immunité peuvent recevoir tous les vaccins inactivés du calendrier vaccinal avec un contrôle des sérologies un à deux mois après la vaccination pour vérifier l’immunité. En principe, les vaccins vivants viraux (rougeole, rubéole, oreillons, varicelle, rotavirus, fièvre jaune, grippe par voie nasale) et bactériens (BCG) sont contre-indiqués. Certains peuvent cependant être utilisés selon la maladie, le degré d’immunosuppression, les traitements reçus.
Chez les enfants infectés par le VIH, les vaccins viraux vivants sont autorisés si le déficit immunitaire est absent ou modéré. Le BCG est contre-indiqué. Les enfants sous chimiothérapie conventionnelle pour affection maligne peuvent recevoir les vaccins inactivés en respectant un délai de 3 à 6 mois après la chimiothérapie. Le BCG et les vaccins viraux vivants sont contre-indiqués temporairement durant les 6 mois suivant la fin du traitement. En cas de greffe d’organe solide, il est recommandé de vacciner avant la greffe. Après, il faut vérifier la protection par sérologie et, si nécessaire, revacciner en respectant un délai d’au moins 6 mois pour la vaccination DTCoqPolioHib et un an pour les vaccins vivants.
Après greffe de cellules hématopoïétiques, il est nécessaire d’attendre 12 mois avant de pratiquer les vaccins inactivés DTCoqPolioHib et 24 mois pour les vaccins viraux vivants et le BCG.
Chez les enfants recevant une corticothérapie, toutes les vaccinations peuvent être pratiquées en cas de traitement local bref ou de traitement général à doses faibles ou modérées (< 2 mg/kg pour les enfants de moins de 10 kg, ‹ 20 mg/kg/j pour les enfants de plus de 10 kg). Dans tous les autres cas, un délai d’au moins un mois après l’arrêt des corticoïdes doit être respecté avant d’administrer les vaccins vivants.
Chez les enfants porteurs d’une maladie auto-immune, le risque d’exacerbation de la maladie par la vaccination n’est pas démontré mais la prudence est de mise. Le BCG et les vaccins viraux vivants sont contre-indiqués. Les vaccins inactivés peuvent être administrés à distance d’une poussée et en tenant compte des traitements reçus par l’enfant (corticoïdes, immunosuppresseurs…).
Maladies chroniques sans immunodépression.
Chez les enfants présentant une maladie chronique n’affectant pas l’immunité, la conduite à tenir est spécifique à chaque maladie. En cas de diabète, tous les vaccins sont possibles et recommandés, en choisissant une période de stabilité de la maladie. La vaccination contre la grippe est indiquée dès l’âge de 6 mois. Les enfants porteurs de troubles de l’hémostase peuvent recevoir tous les vaccins en les administrant par voie sous-cutanée ou intramusculaire dans le deltoïde avec une aiguille fine et en faisant une compression prolongée.
Chez les enfants atteints d’encéphalopathies d’origines diverses, de convulsions, tous les vaccins peuvent être pratiqués en respectant certaines précautions (période de stabilité clinique, traitement antipyrétique préventif, surveillance prolongée après la vaccination). Une encéphalopathie d’étiologie inconnue survenue dans les 7 jours suivant une vaccination coquelucheuse reste une contre-indication de cette vaccination même avec un vaccin acellulaire.
L’allergie aux protéines de l’œuf contre-indique les vaccins contre la fièvre jaune, la grippe et l’encéphalite à tiques, uniquement chez les enfants qui ont présenté une urticaire géante, un œdème de Quincke ou une réaction anaphylactique grave lors de la consommation d’œufs ou d’aliments à base d’œufs. Les vaccins rougeole-oreillons-rubéole ne sont pas contre-indiqués.
Les vaccins qui sont susceptibles d’exacerber un asthme ou une dermatite atopique, en particulier ceux contre la grippe, doivent être administrés en période d’équilibre de la maladie.
Chez les enfants porteurs d’un syndrome de Kawasaki, toutes les vaccinations peuvent être pratiquées, en respectant un délai de 11 mois après la dernière cure d’immunoglobulines intraveineuses pour les vaccins viraux vivants. Chez les enfants présentant une hépatopathie, tous les vaccins sont recommandés particulièrement ceux contre l’hépatite B et l’hépatite A.
Les enfants atteints de syndrome néphrotique peuvent recevoir toutes les vaccinations ; les vaccins contre la varicelle, la grippe et les infections à pneumocoques sont particulièrement indiqués, en les administrant en période de rémission.
Les enfants présentant une insuffisance rénale doivent être vaccinés contre la varicelle, notamment s’ils sont inscrits sur une liste de transplantation.
La drépanocytose et l’asplénie ne contre-indiquent aucune vaccination. Les vaccins pneumococcique 13-valent, Hib et méningococcique tétravalent sont particulièrement recommandés.
Enfin, toutes les vaccinations peuvent être pratiquées chez les enfants présentant une mucoviscidose ; ils doivent impérativement être vaccinés contre la grippe, les hépatites A et B, la varicelle pour les adolescents qui n’ont pas contracté la maladie ou en cas d’inscription sur une liste de transplantation.
Chez les enfants porteurs d’une maladie chronique, la vaccination doit être envisagée avec le spécialiste concerné, suffisamment tôt avant la date prévue du voyage. Il faut savoir déconseiller un voyage quand l’état de l’enfant ou la maladie dont il souffre contre-indique une vaccination nécessaire.
D’après la communication des Drs Patrick Imbert (hôpital Bégin, Saint-Mandé) et Nicole Guérin (Groupe de pédiatrie tropicale de la Société française de pédiatrie).
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