L’atorvastatine à fortes doses

Un bénéfice clinique même en cas d’insuffisance rénale

Publié le 13/05/2011
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UNE DES limites au bénéfice clinique des statines est l’insuffisance rénale terminale, notamment dialysée. C’est ce qu’ont démontré les études 4D (conduite avec l’atorvastatine) et AURORA (conduite avec la rosuvastatine) : dans ces deux essais, les statines ne réduisent pas, par rapport au placebo, l’incidence des événements cardio-vasculaires majeurs alors que celle-ci est très élevée.

Qu’en est-il du bénéfice clinique des statines chez les patients ayant une altération importante de la fonction rénale, sans être au stade de dialyse ?

Pour répondre à cette question, Daniel J. Wilson a conduit une analyse rétrospective de trois essais thérapeutiques contrôlés ayant évalué, chez 20 961 patients, des posologies élevées d’atorvastatine (40 à 80 mg/j) contre une stratégie hypolipémiante moins puissante : soit 10 mg/j d’atorvastatine dans l’étude TNT, 20 à 40 mg/j de simvastatine dans l’étude IDEAL et des soins usuels dans l’étude ALLIANCE.

Dans la cohorte analysée, 4 268 patients avaient une insuffisance rénale modérée (taux de filtration glomérulaire [TFG] < 60 ml/min/1,73 m² avec une valeur moyenne de 55,96 ml/min/1,73 m²) et 1 739 avaient une insuffisance rénale évoluée (TFG < 50 ml/min/1,73 m², avec une valeur moyenne de 43,80 ml/min/1,73 m²).

Le critère primaire analysé dans cette étude a été l’incidence des événements cardio-vasculaires majeurs (décès coronariens, infarctus du myocarde non fatals, revascularisations coronaires, hospitalisation pour angor ou insuffisance cardiaque, accident cérébrovasculaire ou artérite des membres inférieurs).

En 5 ans de suivi moyen, il est survenu 2 057 événements du critère évalué chez les 6 007 patients de la cohorte, avec une incidence d’autant plus élevée que le taux de filtration glomérulaire était bas. L’incidence de ces événements a été diminuée de 23 % sous posologie élevée d’atorvastatine chez les patients ayant une altération modérée de la fonction rénale (incidence de 34,9 % dans le groupe témoin et 28,5 % dans le groupe atorvastatine forte posologie ; risque relatif 0,77 ; intervalle de confiance à 95 % [IC 95 %] 0,70-0,86 ; p < 0,001) et de 21 % chez ceux ayant une altération plus marquée de la fonction rénale (incidence de 44,04 % dans le groupe témoin et de 37,3 % dans le groupe atorvastatine forte posologie ; risque relatif 0,79 ; IC 95 % 0,68-0,92 ; p = 0,0025).

Ainsi, s’il n’y a pas de bénéfice clinique des statines chez les patients ayant une insuffisance rénale dialysée, il existe un bénéfice clinique net de l’atorvastatine à posologie élevée en cas d’altération de la fonction rénale.

Dr FRANÇOIS DIÉVART

Source : Le Quotidien du Médecin: 8962