Une communication adéquate entre médecin généraliste (MG) et radiologue est garante de la qualité du diagnostic, pourtant la littérature est particulièrement pauvre sur le sujet. Une enquête a été menée auprès de MG des pays de Loire, dont 108 ont répondu. S’agissant de la demande d’imagerie, 9 sur 10 disent qu’elle doit comporter les éléments pertinents de l’examen clinique, mais seulement 34 % les antécédents du patient ainsi que les examens antérieurs s’ils sont pertinents pour la question posée. En ce qui concerne les hypothèses diagnostiques – puisque le principe même de la demande d’imagerie est de les vérifier – certains MG objectent que les y faire figurer pourrait biaiser l’interprétation du radiologue et seuls 50 % choisissent cette option.
Les MG souhaiteraient voir développer des outils pour les aider à prescrire le bon examen au bon moment ; 42 % connaissent le guide de bon usage (GBU, [1]) mais très peu l’utilisent, le jugeant trop complexe, inadapté au temps de la consultation et peut-être insuffisamment mis à jour. Ils préféreraient un site d’aide à la prescription, comme pour les antibiotiques.
De la part des radiologues, la majorité des MG attendent des comptes rendus détaillés, mais évitant le jargon et les abréviations ainsi que les mesures normales des différentes structures anatomiques – qu’ils ne connaissent pas – préférant des réponses explicites à la question posée (quand elle est posée…). Ils souhaitent surtout une communication plus facile avec le radiologue.
Des formulaires standardisés ?
Une enquête miroir a été menée auprès des radiologues (439 ont répondu) en juin 2019 pour connaître leurs attentes vis-à-vis des MG. La première : que figurent sur la demande d’imagerie les éléments pertinents de l’examen clinique et/ou biologique, les antécédents du patient, les examens déjà réalisés, et les hypothèses diagnostiques. Des éléments qui manquent bien souvent. Aussi plus de la moitié des radiologues (et seulement 19 % des généralistes) souhaiteraient que soient élaborés des formulaires standardisés de demande d’imagerie, adaptés au type d’examen et vraisemblablement à chaque territoire anatomique. Cependant pour 28 % d’entre eux, cela paraît trop contraignant. Pourtant il semble qu’on s’y dirige, puisque la DGOS a rédigé un cahier des charges à l’attention des éditeurs de logiciels médicaux sur la demande d’examen informatisée en imagerie.
68 % des radiologues considèrent que le GBU est adapté aux MG mais que son utilisation est compliquée par le fait que les entrées se font par pathologie, et non par symptôme, et que les MG ne les connaissent pas. Celui-ci évoluera cependant vers une version simplifiée, avec des fiches concernant les situations cliniques courantes.
En ce qui concerne les comptes rendus, ils sont très détaillés dans 56 % des cas – mais noient parfois le MG sous les informations – 87 % répondent explicitement à la demande, 83 % précisent les autres examens à demander, 73 % donnent des conseils de stratégie de prise en charge le cas échéant.
L’enfer est pavé de bonnes intentions
Globalement tout le monde a l’impression de bien faire mais, comme chacun sait, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Dans les enquêtes reviennent les mots collaboration, communication, dialogue, respect, compréhension mutuelle, prise en charge optimale du patient – qui reste tout de même l’objectif essentiel. Et si la question de la rétroaction vers le MG sur la pertinence de ses prescriptions d’imagerie revient régulièrement de part et d’autre, le risque de créer des tensions entre les professionnels est grand.
« Personne n’a de vision transversale de la prise en charge du malade du fait de la méconnaissance du travail de l’autre, des cloisonnements symboliques entre les groupes professionnels et de la charge de travail globale. Il faut mutualiser les expertises, afin que le radiologue quitte son rôle de prestataire pour s’intégrer ou se réintégrer dans la prise en charge et la réflexion médicale », se positionne la Dr Charline Cade, MG à Cholet.
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