L’ÉPIDÉMIOLOGIE de la cirrhose en France est assez mal connue. En 2007, la Haute autorité de santé rapportait des chiffres datant de 2002 et issus de l’ALD 30, et l’étude épidémiologique européenne publiée récemment (1) ne reprenait qu’un travail français datant de 2006-2008.
L’enquête de l’ANGH a colligé les données diagnostiques de tous les patients (2 201 au total) atteints de maladie hépatique et biliaire vus dans les 42 services participants pendant une semaine, du 4 au 8 juin 2012.
Les maladies du foie concernaient de 29 % (hospitalisation) à 32 % des patients (consultation). Parmi les patients hospitalisés (n = 530), 65 % avaient une maladie alcoolique du foie, 12 % une hépatite virale chronique, 8 % une NASH (hépatite stéatosique non alcoolique) ou une stéatose, 8 % une lithiase biliaire et 3 % une hépatite aiguë.
Au total, 60 % des patients hospitalisés avaient une cirrhose et 15 % une tumeur primitive.
Parmi les patients vus en consultation (n = 1 405), ces chiffres étaient respectivement de 28 % et 4 %.
Près de la moitié (44 %) des sujets vus en consultation avait une hépatite virale chronique, 26 % une maladie alcoolique du foie, 13 % une NASH ou une stéatose et en proportion identique une surcharge en fer. 5 % souffraient d’une maladie auto-immune du foie et 5 % d’une autre affection.
Ainsi, selon cette enquête, l’incidence de la cirrhose estimée sur 42 centres est de 6 000 à 7 000 cas/an, ce qui donne une estimation nationale extrapolée très largement supérieure aux chiffres anciens connus (11 000 cas/an selon la HAS en 2007).
«Parmi les 944 cas de cirrhose on retrouve une étiologie alcoolique (74 %), une infection chronique par le VHC (21 %), de façon surprenante une NASH (15 %) et une infection chronique par le VHB (6 %)», indiquent les Drs Bruno Lesgourgues et Bertrand Condat.
Les complications sont dominées notamment par l’ascite (35 %), les varices œsophagiennes (au moins grade 2 chez 32 % des patients) le carcinome hépatocellulaire (CHC, 13 %), etc. Les cirrhoses alcooliques et NASH ont plus de complications hors CHC que les cirrhoses virales.
« Le CHC complique plus souvent la maladie en cas d’infection chronique par le VHC (20 % versus 13 % en cas d’étiologie alcoolique), confirmant le caractère cancérogène du VHC et ainsi l’acharnement thérapeutique », estime le Dr Lesgourgues.
Enfin, autre résultat de cette étude : les hépatites chroniques B (n = 267) et C (n = 491) étaient au stade 4 de fibrose dans respectivement 22 % et 40 % des cas.
D’après un entretien avec les Dr Bruno Lesgourgues et Bertrand Condat, centre hospitalier Montfermeil et Bry-sur-Marne.
(1) Blachier M et coll. Journal of hepatology 2013(58):593-608.
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