LES ADÉNOCARCINOMES sont les tumeurs les plus fréquentes du cancer du pancréas, il est extrêmement agressif et le seul traitement curatif est la chirurgie, solution lourde, grevée de complications et possible uniquement dans 15 % des cas, la tumeur étant généralement évoluée ou déjà métastasée.
À part la chirurgie, on dispose actuellement de la chimiothérapie par gemcitabine ou selon le protocole folfirinox (5 FU/acide folinique, irinotecan et oxaliplatine). La gemcitabine est le traitement standard dans les tumeurs localement avancées sans métastases, son effet est très relatif : elle améliore les signes cliniques mais que très modestement la survie. Le protocole folfirinox est appliqué depuis 2 ans et est prescrit en cas de tumeur métastasée chez des patients en bon état général.
«Nous espérons que les résultats que nous présenterons aux JFHOD viendront un peu bousculer la donne », déclare le Pr Louis Buscail. Il s’agit d’une étude de phase I de faisabilité et de tolérance, TherGAP*, dans laquelle 22 patients ont été inclus. Le principe est celui de la thérapie génique qui utilise un ADN plasmidique complexé à un vecteur synthétique qui le protège, lui permet de pénétrer et de s’exprimer dans la cellule cancéreuse. Le CYL-02, exprime deux types de protéines : d’une part, le gène du récepteur 2 de la somatostatine dont l’expression est diminuée dans le cancer pancréatique et dont l’effet anti-tumoral se diffuse à l’ensemble de la tumeur. Un second gène est, quant à lui, composé de deux molécules qui vont phosphoryler la gemcitabine pour l’activer. Or, les enzymes qui phosphorylent la gemcitabine sont déficientes dans le cancer du pancréas.
Le CYL-02 est injecté directement dans la tumeur sous contrôle échoendoscopique. La chimiothérapie est débutée 48 heures après par voie générale lorsque l’expression des gènes portés par CYL-02 est maximale. C’est le concept de chimiosensibilisation. Cette étude est aujourd’hui terminée. « Cette méthode est techniquement faisable chez tous les patients, explique L. Buscail. Aucun effet indésirable notoire, n’a été souligné. On a pu observer une stabilisation, voire une réduction de la tumeur chez certains patients. Actuellement, nous évaluons la survie ».
Ces résultats permettent d’initier une étude de phase II multicentrique dans laquelle 80 patients seront inclus. La gemcitabine seule sera comparée à l’association gemcitabine-CYL02. « Nous espérons, que ce type d’approche par injection intratumorale, conclut L. Buscail, ouvre une porte thérapeutique non seulement dans les tumeurs pancréatiques mais aussi dans d’autres tumeurs solides ».
Entretien avec le Pr Louis Buscail, hépatogastroentérologue, CHU Toulouse.
*ThÉrapie Génique de l’Adénocarcinome Pancréatique-Promoteur CHU de Toulouse en partenariat avec l’INSERM UMR U1037 et L’entreprise Cayla-InvivoGen.
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