La thérapie épigénétique testée dans le cancer du poumon

Publié le 10/11/2011
1320936825298277_IMG_71378_HR.jpg

1320936825298277_IMG_71378_HR.jpg
Crédit photo : © CHASSENET/BSIP (Archives)

Un cancer résulte de mutations génétiques et d’altérations épigénétiques régulant anormalement l’expression des gènes. Deux des principales altérations épigénétiques associées au cancer sont la méthylation de l’ADN et la désacétylation d’histones, qui inhibent l’expression des gènes suppresseurs de tumeurs.

Des études précliniques ont suggéré qu’une thérapie épigénétique associant un inhibiteur de la méthylation de l’ADN, l’azacitidine, et un inhibiteur de la désacétylation d’histones, l’entinostat, peut réactiver l’expression des gènes suppresseurs de tumeurs. Dans la leucémie, cette thérapie épigénétique a donné des résultats prometteurs.

Une équipe américaine a conduit une étude de phase I/II évaluant ce traitement chez des patients ayant un cancer du poumon non à petites cellules, au stade métastasé et progressant malgré de multiples chimiothérapies standards.

Dans cette étude ouverte, sans groupe témoin, 45 patients ont reçu la thérapie épigénétique (40 mg/m2 d’azacitidine en injection sous-cutanée pendant 9 jours et 7 mg d’entinostat sur 2 jours, tous les mois).

Les résultats sont prometteurs. Ce traitement est bien toléré, avec une très faible toxicité qui peut être contrôlée médicalement.

Des réponses impressionnantes ont été observées chez deux patients. Une patiente a présenté une réponse complète, mais a finalement succombé à une tumeur pulmonaire moléculairement distincte au bout de trois ans. Un autre patient a présenté une réponse partielle, avec disparition des métastases hépatiques et réduction de la tumeur pulmonaire, et il vit encore deux ans et demi après le traitement.

La survie moyenne des patients traités est de 6,4 mois, soit 2 mois plus longue que la survie prévue de 4 mois selon les chercheurs.

En raison de la survie prolongée, 19 patients ont reçu ensuite une chimiothérapie cytotoxique et 4 d’entre eux (21 %) ont eu une réponse objective majeure, avec un patient encore vivant 4 ans après. Cela suggère que la thérapie épigénétique présente un effet retardé ou pourrait sensibiliser les tumeurs de façon à les rendre vulnérables à une chimiothérapie ultérieure.

Juergens et coll. « Cancer Discovery », décembre 2011.

 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : lequotidiendumedecin.fr