Fumée de cigarette

Les carcinogènes se forment très tôt

Publié le 18/01/2011
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Crédit photo : S TOUBON

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PARMI les multiples toxiques libérés par la fumée de tabac, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) font partie des agents les plus carcinogènes. Les HAP sont formés par la combustion incomplète de matières inorganiques, dans ce cas, le tabac.

Les HAP doivent être métabolisés pour exercer leur effet mutagène et carcinogène. Ils forment des métabolites qui se lient de façon covalente à l’ADN et produisent des adduits potentiellement mutagènes, qui créent des erreurs de codage et des mutations permanentes, un mécanisme d’instauration du processus carcinogène.

Stephen Hecht et Zhong Steven ont étudié cette voie chez des humains spécifiquement exposés aux HAP via la fumée de cigarette.

Les scientifiques ont ajouté un HAP marqué, le phénanthrène (D10), à des cigarettes. Ils ont suivi le sort de ce HAP chez 12 volontaires qui ont fumé les cigarettes.

Ils ont tracé le produit final du métabolisme du phénanthrène (un diol époxyde), dans le courant sanguin. L’analyse a été réalisée par chromatographie gazeuse en tandem avec la spectrométrie de masse.

Les résultats montrent que ce métabolisme aboutissant à la formation d’un carcinogène à partir des HAP est remarquablement rapide. Les phénanthrènes forment rapidement une substance toxique connue pour saboter l’ADN, entraîner des mutations qui peuvent être cause de cancer et Les niveaux du métabolite marqué sont maximaux lors du premier prélèvement, soit entre 15 et 30 minutes après avoir fumé la cigarette, avec une décroissance par la suite.

Les chercheurs sont eux-mêmes étonnés de la rapidité de l’effet : « c’est comme si l’on injectait la substance directement dans le sang…  Comme les diol époxydes de HAP sont mutagènes et carcinogènes, ces résultats montrent clairement une conséquence négative immédiate du fait de fumer, qui pourrait servir d’avertissement à quiconque s’engage dans un comportement de tabagisme. »

« Cette étude est unique », écrit Hecht, un expert international des substances cancérigènes. « C’est la première à se pencher sur le métabolisme humain d’un HAP spécifiquement délivré par inhalation dans la fumée de cigarette sans autres sources d’interférence. »

Chemical Research in Toxicology, 15 janvier 2011.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8887