L’HTA est pour la femme – encore plus que chez l’homme – la porte d’entrée majeure dans le risque cardiovasculaire. Aujourd’hui, environ un tiers des femmes adultes sont hypertendues (6 millions en France). « Ce qui nous soucie, souligne le Pr Jean-Jacques Mourad (département de Médecine interne- Endocrinologie, hôpital Avicenne, Bobigny), c’est que la proportion de jeunes femmes fumeuses, sédentaires, en surpoids a grimpé avec, à la clé, la survenue de plus en plus fréquente d’une hypertension artérielle précoce, entre 30 et 40 ans, chez des femmes en pleine santé apparente. »
À cela s’ajoute le problème du sous-dépistage des complications athéromateuses de l’HTA comme l’illustre l’étude « Parité » (2010). Conduite chez des patientes hypertendues à risque, ce travail confirme que l’on recherche moins souvent chez la femme une ischémie myocardique (dans 22,6% des cas vs 44,2% des cas chez l’homme) parce que l’idée persiste que la maladie coronaire ne les concerne pas !
Les femmes plus souvent aux objectifs
En revanche, concernant l’équilibre tensionnel les femmes s’en sortent plutôt mieux que les hommes. Dans l’enquête ENNS 2006-2007, 41,8% des hommes et 58,5 % des femmes avaient une PA contrôlée. Idem dans l’étude MONALISA 2007 et le registre IDACO avec 25,3 % des femmes hypertendues traités et contrôlés contre seulement 19,2 % des hommes hypertendus, sans différence de prise en charge thérapeutique constatée entre les deux sexes.
Car, dans l'ordonnance de l’hypertendu, hommes et femmes sont sur un pied d'égalité. Dans « Parité », l’adaptation du traitement antihypertenseur se faisait de manière équivalente entre les deux sexes avec un nombre de traitements et de bithérapies (73- 74 % cas) comparables. Même chose dans l’enquête FLASH 2010 comparé à FLASH 2011 (spécifique aux femmes).
« Quel que soit le genre, résume le Pr Claire Mounier-Vehier (chef de service de Médecine vasculaire et HTA, CHRU de Lille-, et première vice-présidente de la Fédération Française de Cardiologie), aujourd’hui l’hypertension et l’AVC sont aussi bien soignés, contrairement à l’IDM et aux maladies athéromateuses (artériopathie de membres inférieurs, athéromes des artères digestives ou rénales). »
À côté de ces inégalités de genre, le niveau social joue aussi. Car les femmes hypertendues en situation de précarité « ne voient pas forcement le médecin ni le gynécologue », indique le Pr Mounier-Vehier. Or si les femmes « cadres sup » n'ont pas non plus souvent le temps de se rendre chez leur généraliste, elles ne manquent pas leur rendez-vous gynécologique. D’où le rôle des médecins du travail pour sensibiliser les plus précaires à leur santé.
« C'est aussi l'objet de notre parcours de soins cardio-gynécologique “Cœur, artères et femmes” dans le Nord- Pas de Calais destiné pour l’instant aux femmes à risque cardiovasculaire et en situation de précarité. » Sur les rails depuis deux ans, ce circuit piloté depuis le CHRU de Lille formalise un parcours de soins plus global et coordonné entre les médecins de ville et l’hôpital. Les femmes y entrent lorsqu’elles nécessitent un bilan cardio-vasculaire et/ou une expertise gynécologique à l’occasion des trois phases hormonales cruciales : mise en route-changement d’une contraception, programmation-suivi d’une grossesse à risque,périménopause.
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