Parmi les près de 100 000 femmes de la cohorte E3N, nées entre 1925 et 1950 et suivies depuis 1990, 1 239 ont déclaré un diagnostic de polyarthrite rhumatoïde (PR) sur la base d’autoquestionnaires, diagnostic qui a été validé de façon certaine chez 350 d’entre elles par le remboursement de soins liés à la PR comme le méthotrexate ou les biothérapies. Parallèlement, étaient recueillis des renseignements sur le tabagisme actif et sur l’exposition ou non dans l’enfance à un tabagisme passif.
Il est maintenant admis que le tabagisme actif est associé à la PR, en particulier pour les formes dites séropositives avec présence d’anticorps anti-CCP ou de facteurs rhumatoïdes. Sur le plan physiopathologique, les personnes ayant une susceptibilité génétique à la PR, du fait du port d'épitopes partagés du système HLA, ont un risque nettement augmenté de développer une PR si elles fument, témoignant d’une interaction gène-environnement. Le tabac provoque la citrullination des protéines au niveau des alvéoles pulmonaires et le patient développe une immunité vis-à-vis des protéines citrullinées et des anticorps anti-CCP qui peuvent être détectés jusque 10 ans avant le début de la maladie.
Un surrisque de 43 %
L'étude confirme que le tabagisme actif augmente le risque de PR de 37 % (HR = 1,37). Chez les patients non-fumeurs, le tabagisme passif dans l'enfance augmente le risque de façon non significative mais avec un HR de 1,43 (surrisque de 43 %), et, surtout, la combinaison tabagisme actif et tabagisme passif dans l'enfance multiplie par 1,7 le risque de PR (surrisque de 70 %). « Il est probable que le tabagisme passif favorise de façon précoce la citrullination des protéines, et sur un terrain génétique prédisposant stimule précocement l'auto-immunité et favorise d'autant plus volontiers la maladie que l'exposition au tabac persiste ou reprend sous forme active à l’âge adulte ».
« C'est la première fois qu'on démontre que le tabagisme passif dans l’enfance est un facteur de risque de la PR à l’âge adulte. Ce qui devrait nous amener à préconiser des mesures préventives pour éviter le tabagisme passif chez les enfants, en particulier dans les familles présentant une susceptibilité génétique à la PR, c’est-à-dire chez les apparentés de patients ayant une PR », souligne la Pr Seror.
D’après un entretien avec la Pr Raphaële Seror, hôpital Bicêtre, Paris
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