Gonarthrose

Effet des infiltrations sur le risque de prothèse du genou ?

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Publié le 10/12/2018
infiltration genou

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Crédit photo : Phanie

La cohorte Khoala est une cohorte nationale de 878 patients âgés de 40 à 75 ans ayant une arthrose symptomatique de hanche et/ou du genou (selon les critères ACR). L’objectif de l’étude était de comparer à 5 ans le risque de prothèse totale de genou pour gonarthrose chez des patients ayant reçu des infiltrations de corticostéroïdes ou d’acide hyaluronique à celui de patients n’ayant jamais eu d’infiltration. En effet, ce sujet fait actuellement l’objet de débats. Des essais suggèrent que les acides hyaluroniques diminuent le recours à la prothèse (1), tandis qu’« une étude récente suggère notamment que les infiltrations de corticostéroïdes répétées aggravent les lésions chondrales. Mais les infiltrations de corticostéroïdes se faisaient tous les trois mois sur deux ans, ce qui est loin de notre pratique quotidienne » (2), précise le Dr Augustin Latourte, rhumatologue à l’hôpital Lariboisière (Paris). Il a participé à une étude portant uniquement sur 656 patients (âge moyen 62,2 ± 8,5 ans, 70,3 % de femmes) présentant une gonarthrose à l’inclusion, suivis prospectivement par autoquestionnaire tous les ans et par examen médical et radiographies à l’inclusion, puis à 3 et 5 ans. « Notre étude est intéressante, car il s’agit d’un suivi par les rhumatologues, en conditions de vie réelle », souligne-t-il.

Pas d’augmentation du risque de prothèse totale

Les résultats ont montré que 13,9 % des patients ont reçu une prothèse totale de genou au cours des cinq ans de suivi. Des infiltrations de corticostéroïdes ou d’acide hyaluronique ont été réalisées respectivement chez 143 (21,3 %) et 191 (29,1 %) patients, et 92 (14 %) ont reçu les deux types d’infiltration.

Le risque relatif de prothèse totale de genou incidente à 5 ans sur l’articulation infiltrée par rapport aux articulations non infiltrées était de 0,96 (IC 95 % : [0,35 – 2,66] ; p = 0,94) chez les patients infiltrés par corticostéroïdes, et de 0,38 (IC 95 % : [0,15 – 1,03] ; p = 0,06) chez ceux ayant reçu des infiltrations d’acide hyaluronique.

Conclusion de cette étude, les infiltrations de corticostéroïdes dans la gonarthrose n’augmentent pas le risque de prothèse totale de genou incidente. On trouve une réduction non significative du risque de prothèse totale de genou chez les patients traités par infiltrations d’acide hyaluronique. Mais le faible nombre d’événements à 5 ans pourrait être une limite à cette étude.

« Ces données sont donc rassurantes pour notre pratique en ce qui concerne l’utilisation des infiltrations de corticostéroïdes dans la gonarthrose. L’étude de la cohorte se poursuit pour des données à encore plus long terme », conclut le Dr Latourte.

 

Entretien avec le Dr Augustin Latourte, rhumatologue à l’hôpital Lariboisière (Paris)


(1) Altman R et al. Hyaluronic acid injections are associated with delay of total knee replacement surgery in patients with knee osteoarthritis. Evidence from a large US health claims database. PLoS One 2015;10(12):e0145776

(2) McAlindon TE et al. Effect of intra-articular triamcinolone vs saline in knee cartilage volume and pain patients with knee osteoarthritis: a randomized clinical trial. JAMA 2017;317(19):1967-75

 

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9709