S’IL A ÉTÉ MONTRÉ que les anti-TNF sont bien actifs sur les lésions inflammatoires de la spondylarthrite ankylosante (SPA), en revanche force a été de constater leur incapacité à freiner le développement des syndesmophytes. Ces constats ont ainsi conduit à s’interroger sur les liens existant entre l’inflammation et l’ossification.
Grâce à l’apport de l’IRM, les nouvelles données présentées par WP Maksymowych plaident aujourd’hui pour l’existence d’un découplage entre ces deux phénomènes au cours de la SPA et pour l’intérêt d’un traitement précoce de façon à empêcher l’apparition de lésions d’ankylose. Dans cette étude en double aveugle, 76 patients ont été tirés au sort pour recevoir soit un anti-TNF (adalimumab) soit un placebo. Une IRM a été pratiquée à l’entrée puis après 12 et 52 semaines tandis que des radiographies ont été effectuées au départ puis après 104 semaines ce qui a permis d’analyser 1 357 coins antérieurs vertébraux cervicaux et lombaires par les deux méthodes. Parmi les 219 lésions inflammatoires détectées par IRM, 12,5 % correspondaient à des lésions aiguës (type A) alors que dans 3,6 % des cas il s’agissait de lésions inflammatoires plus avancées et plus complexes à l’origine d’images hétérogènes dues à la transformation de zones inflammatoires en graisse (type B). C’est dans ce deuxième groupe que des syndesmophytes se sont plus volontiers développés dans 16,3 % des cas, contre 2,9 % pour le type A (p = 0,002) et 2,5 % en l’absence de lésion inflammatoire< 0,0001. De plus, les ossifications étaient plus fréquentes en cas de lésions graisseuses visibles en IRM : 11,1 % contre 1,4 % en l’absence de cet aspect (p< 0,0001). Au total, il existait une forte association, d’une part entre l’apparition d’os nouveau et, d’autre part, la présence de lésions inflammatoires vertébrales de type B à l’IRM (odds ratio : 3,9 ; IC95 % : 1,2-12,6 ; p = 0,02) ainsi que de lésions graisseuses (odds ratio : 4,8 ; IC95 % : 2,4-9,8 ; p‹0,0001).
Pour MP Maksymowych, ces données vont dans le sens des hypothèses physiopathologiques actuelles. La formation d’os survient à la suite de l’installation de lésions inflammatoires complexes caractérisées par une métaplasie graisseuse qui évolue alors de façon indépendante par rapport aux phénomènes inflammatoires initiaux. Outre le fait que l’IRM apparaît constituer un outil pronostique en révélant des lésions vertébrales à risque d’évolution vers l’ankylose, la suppression précoce de l’inflammation visible en IRM pourrait constituer un objectif thérapeutique important car peut-être garant de l’absence ultérieure d’ossification secondaire.
Dosage de périostine.
C’est au versant biologique de la SPA que s’est intéressé P Poddubnyy, plus précisément à la périostine, une protéine synthétisée par les cellules mésenchymateuses du périoste sous l’influence du TGF bêta (transforming growth factor beta) et qui est impliquée dans l’homéostasie de l’ostéoblaste. À noter que la périostine intervient dans de nombreux autres processus comme les métastases, le remodelage myocardique, la cicatrisation, la fibrose…
Ses taux sériques ont été mesurés chez 97 patients souffrant de symptômes de SPA depuis moins de dix ans. Des radiographies des articulations sacro-iliaques et du rachis ont été réalisées au début de l’étude et deux ans plus tard. Les malades qui avaient une spondylarthrite évoluant depuis plus de cinq ans avaient des taux plus élevés (123,9±142 pg/ml) que ceux ayant une durée d’évolution plus courte (77,1±113,7 pg/ml), la moyenne étant de 110,8±130,2 pg/ml. Surtout le taux de périostine était inversement associé au développement d’ossifications. A contrario, les patients qui n’ont pas eu de nouveaux syndesmophytes au terme des deux ans de l’étude (n = 79) avaient des taux significativement plus élevés (114,±136,6 ; p = 0,012) comparativement à ceux ayant eu une progression structurale (19,0±25,2 ; n = 14). En outre, il existait une forte corrélation entre les taux de périostine et les niveaux de sclérostine et de dickkopf-1, tous deux bloquant la formation osseuse médiée par la voie Wnt et également inversement associés à la formation de syndesmophytes.
Maksymowych WP et coll. The Echospa module for early spondyloarthritis (SPA): which features are sufficiently reliable for evaluation of diagnosis? Abstract OP0041.
Poddubnyy D et coll. Association of serum periostin level with syndesmophyte formation in patients with ankylosing spondylitis. Abstract OP0089.
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