Chimiohyperthermie intrapéritonéale : vers une extension en récidives de cancers de l’ovaire

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Publié le 18/06/2024
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La chimiohyperthermie intrapéritonéale (Chip) pourrait aussi bénéficier aux femmes atteintes de récidives de cancer de l’ovaire (1). Déjà indiquée dans la chirurgie d’intervalle initiale (après trois cycles) des cancers ovariens localement avancés (80 % le sont sur les 5 000 nouveaux diagnostics annuels), elle a des résultats intéressants mais n’est pas dénuée de risques. C’est pourquoi elle ne peut être pratiquée que dans des centres experts (une vingtaine en France). Il s’agit d’une chirurgie par voie ouverte, le plus souvent multiviscérale, associant chirurgie gynécologique et digestive – la carcinose ovarienne tendant à essaimer dans tout le péritoine –, avec un temps opératoire pouvant atteindre les 4 à 5 heures. Ce n’est qu’à la fin, avant fermeture, et si une résection complète a bien pu être effectuée, que la Chip est pratiquée, soit un bain de chimiothérapie par platine de l’abdomen à la température de 42 °C durant une heure et demie. Cela nécessite des anesthésistes entraînés, un secteur postopératoire de type unité de soins continus, et un bon état général. Les femmes opérables d’emblée et celles nécessitant l’ensemble de la néochimiothérapie (six cycles) avant opération ne sont pas candidates, en l’absence de données dans ces situations.

Peut-on étendre les bénéfices de la Chip aux récidives de cancer de l’ovaire ? C’est la question qu’a posée par l’étude ChipOR, initiée il y a près de dix ans (1). Cette étude internationale menée dans 31 centres, dont de nombreux centres français, a testé la Chip sur plus de 400 femmes en récidive. À six ans de suivi médian, la mortalité est de 65 %. Le bras Chip est associé à près d’un an de bénéfice en survie globale. Et cela, sans dégradation de la qualité de vie. De quoi faire évoluer les indications.

Entretien avec le Pr Jean-Marc Classe (Saint-Herblain)
(1) Classe JM et al. J Clin Oncol 2023(41):16_suppl ASCO 2023, Abstract 5510

Pascale Solère

Source : Le Quotidien du Médecin