La maladie de Verneuil (MV) est une dermatose inflammatoire chronique, dont la première description en 1839 revient au chirurgien Alfred Velpeau et sera complétée en 1854 par Aristide Verneuil. Aussi appelée acné inversée, hidrosadénite ou hidradénite suppurée, elle n’est pas si rare, puisque sa prévalence en France est estimée à 1 %, mais peut atteindre 4 % dans certains pays.
La MV est liée principalement à des facteurs génétiques (30 à 40 % d’antécédents familiaux, mais les formes autosomiques dominantes sont exceptionnelles), mais également à l’obésité (OR = 1,12) et au tabac (OR = 12), qui en majorent aussi la sévérité. La lésion primitive est l’occlusion puis la dilatation du follicule pileux, qui va se rompre sous la peau et déclencher une réaction inflammation anormale auto-entretenue.
Le diagnostic est purement clinique devant des lésions récidivantes caractéristiques, nodules douloureux profondément situés, abcès, fistules, zones cicatricielles, typiquement localisées au niveau axillaire, inguinal, inter- et sous-mammaire, fessière, et parfois associées à des lésions folliculaires rétentionnelles au niveau du visage, de la nuque et du tronc. Il n’y a que peu de diagnostics différentiels en dehors la furonculose à staphylocoque mais le prélèvement bactériologique rétablit le diagnostic. « Malgré cet aspect caractéristique, le délai avant le diagnostic est en moyenne de 7,6 ans, y compris lorsqu’il existe des antécédents familiaux », déplore la dermatologue.
Des comorbidités fréquentes
L’étude observationnelle multicentrique Epiver, menée par le ResoVerneuil, confirme les données de la littérature. La maladie concerne majoritairement des femmes (1 homme pour 3,3 femmes), débute précocement (72 % des patients avaient moins de 40 ans) ; 77 % sont des fumeurs, 20 % consomment du cannabis, 60 % sont obèses et il existe des antécédents familiaux dans un quart des cas.
La MV est fréquemment associée à d’autres pathologies inflammatoires comme les Mici (3,5 %), la spondyloarthrite (5,4 %) ou l’acné (35 %).
Les facteurs de risque et les maladies cardiovasculaires sont bien plus fréquents que dans la population du même âge : pratiquement deux fois plus d’HTA ou de DT2, sept fois plus de DT1, un pourcentage de dyslipidémies 3,6 à 7,5 fois plus élevé, et le risque de complications cardio- et cérébrovasculaires supérieur à celui de la population du même âge, avec une espérance de vie réduite, puisqu’elle est en moyenne de 60,5 ans.
Le rôle du biofilm
On a incriminé un microbiome cutané différent dans la maladie de Verneuil (MV) de celui des sujets sains, que ce soit au niveau des lésions ou de la peau périlésionnelle, avec présence en abondance de Corynebacterium, de staphylocoques coagulase négative, de Prevotella ou de Porphyromonas. Les staphylocoques dorés et pyogènes n’ont pas d’effet pathogène démontré dans la MV.
Le biofilm joue aussi un rôle, englobant les bactéries au sein d’une matrice extracellulaire qui les rend hautement tolérantes aux antibiotiques, et provoquant une inflammation prolongée, une résistance aux antibiotiques et un ralentissement de la cicatrisation. « L’implication du biofilm dans les lésions chroniques de MV souligne l’intérêt d’une prise en charge médicale et chirurgicale, puisqu’il n’est pas accessible aux traitements médicaux usuels », explique la Dr Anne-Claire Fougerousse (hôpital Bégin, Saint-Mandé). Un certain nombre de cytokines pro-inflammatoires ont été retrouvées à des taux élevés au niveau cutané et/ou sanguin, mais les divers traitements visant les cytokines n’ont jusqu’ici pas fait la preuve de leur efficacité.
À noter que la Société française de dermatologie a mis récemment en ligne une recommandation sur le sujet, avec un mini-site décisionnel pour hiérarchiser les traitements (1).
Session spéciale en partenariat avec Resoverneuil (1) https://reco.sfdermato.org/fr/recommandations-hidrad%C3%A9nite-suppur%C…
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