« Chez les femmes non ménopausées atteintes d'un cancer du sein hormonodépendant (deux tiers des cas avant la ménopause), le traitement repose sur une castration chimique avec des agonistes de la LH-RH associée à une hormonothérapie (tamoxifène ou inhibiteurs de l'aromatase) pour faire un double blocage », explique le Pr Pierre Fumoleau, directeur général de l'Institut Curie. Cependant, l'étude de phase III Monaleesa 7 pourrait venir modifier ces pratiques…
Ajouter le ribociclib en première ligne
L'essai a inclus 672 patientes non ménopausées de moins de 60 ans atteintes de cancers du sein avancés luminaux A ou B, avec des récepteurs hormonaux positifs et Her2 négatif. Les patientes sous hormonothérapie, inhibiteur de l'aromatase non stéroïdien (IANS) ou tamoxifène, recevaient en plus soit le ribociclib (Kisqali) à 600 mg/jour pendant 3 semaines puis arrêt d'une semaine, soit un placebo. Inhibiteur sélectif du cycle ciblant les kinases dépendantes des cyclines (CDK) 4 et 6, le ribociclib agit de façon synergique avec l'hormonothérapie. Après 34,6 mois de suivi, 26 % des patientes étaient toujours sous traitement (35 % dans le bras ribociclib et 17 % sous placebo).
Une première analyse publiée en 2018 avait déjà mis en évidence une amélioration de la survie sans progression sous ribociclib (23,8 mois versus 13 mois avec le placebo) mais les données de survie restaient en attente…
70 % de patientes en vie après 3,5 ans de suivi
83 décès ont été observés parmi les 335 patientes du groupe ribociclib (24,8 %) contre 109 chez les 337 patientes du bras placebo (32,3 %). À 42 mois, le taux de survie passe de 46 % à 70,2 % avec l'ajout du ribociclib. « C'est la première étude avec un inhibiteur du cycle cellulaire à rapporter un bénéfice en survie globale », commente le Pr Paul-Henri Cottu, oncologue à l'Institut Curie (Paris). En effet, la survie globale des patientes sous placebo était de 40,1 mois alors qu'elle n'a pas été atteinte avec l'inhibiteur CDK 4/6 (p = 0,00973), soit une réduction de 29 % du risque de décès (HR = 0,71). Chez les patientes sous ribociclib, les taux de survie étaient de 71 % lorsqu'elles recevaient également le tamoxifène et de 70 % lorsqu'il s'agissait d'un IANS. Sous placebo, ils s'élevaient respectivement à 55 % et 43 % avec le tamoxifène et l'IANS.
Quant à la tolérance, les effets secondaires de grade 3/4 plus spécifiquement observés sous ribociclib étaient les neutropénies (63,5 % versus 4,5 % pour le placebo), hépatobiliaires (11 % versus 6,8 %) et un intervalle QT prolongé (1,8 % versus 1,2 %).
« Jusqu'ici, on traitait par un inhibiteur CDK4/6 (ribociclib, palbociclib ou abemaciclib), associé à l'hormonothérapie, pratiquement toutes les femmes ménopausées. Aujourd'hui, les femmes non ménopausées peuvent aussi en bénéficier avec un impact important démontré sur la survie globale », annonce le Pr Fumoleau. « Les inhibiteurs du cycle cellulaire sont en train de changer le paradigme de prise en charge du cancer du sein hormonodépendant avancé », conclut le Pr Cottu.
D'après les résultats d’étude rapportés lors de la conférence de presse de l'ASCO (abstract LBA1008) et les commentaires des Pr Pierre Fumoleau et Paul-Henri Cottu, Institut Curie.
Im SA et al. Overall survival with ribociclib plus endocrine therapy in breast cancer. N. Engl. J. Med. 2019;4 juin
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