« L'étude Cassiopé (1) est la première à évaluer l'apport d'un anticorps monoclonal anti-CD38, le daratumumab, dans le contexte de l'autogreffe », explique la Dr Aurore Perrot, hématologue au CHRU de Nancy. Atteints d'un myélome nouvellement diagnostiqué, 1 085 malades recevaient en première ligne un traitement standard par VTd (bortezomib, thalidomide et déxaméthasone) avant et après autogreffe, associé ou non au daratumumab. Les résultats de la première phase de cette étude (une seconde phase de maintenance étant prévue) ont été présentés et publiés au Lancet.
53 % de réduction du risque de progression
« On augmente significativement la profondeur de la réponse en ajoutant le daratumumab au schéma standard actuel VTd », révèle la Dr Perrot. En effet, la réponse complète stringente (rémission complète dans tous les critères, y compris l'immunofixation et la contamination de la moelle osseuse) était améliorée grâce à l'ajout du daratumumab (29 % versus 20 % ; p < 0,001), de même que les réponses partielles (83 % vs 78 %, p = 0,0239) et complètes (39 % vs 26 % ; p < 0,0001).
« Le daratumumab améliore de 20 % le taux de maladie résiduelle négative (64 % versus 44 %), qui est associé à de meilleures survies », relève l'hématologue. De fait, à 18,8 mois de suivi, la survie sans progression était significativement prolongée sous daratumumab, avec une réduction du risque de progression de 53 % (HR = 0,47, p < 0,0001). Le taux de survie sans progression à 18 mois passait ainsi de 85 % à 93 % avec l'ajout du daratumumab.
Les effets secondaires sévères (grade 3 et 4) les plus fréquents étaient les neutropénies (28 % vs 15 %, avec et sans daratumumab), lymphopénies (17 % vs 10 %), stomatites (13 % vs 16 %) et thrombocytopénies (11 % vs 7 %). « Les neutropénies ne se traduisent pas par un surcroît d'infections (20 % vs 22 %) », temporise la Dr Perrot.
Une forme sous-cutanée plus confortable
Si le daratumab est jusqu'ici administré par voie intraveineuse (IV), une nouvelle forme sous-cutanée (SC) a été développée et les premiers résultats de l'étude de phase III de non-infériorité, Columba (2), ont été présentés à l'ASCO. Chez 522 patients atteints de myélome multiple réfractaire ou en rechute après au moins 3 lignes de traitements, le daratumumab en monothérapie par voie SC était aussi efficace que la forme IV, après 7,5 mois de suivi, en termes de taux de réponse (41 % en SC versus 37 % en IV) et de survie sans progression. Par contre, la durée de l'injection SC de 5 minutes était bien inférieure à celle de l'IV, qui nécessitait plus de 3 heures. « La forme SC est très intéressante pour réduire la durée de perfusion (jusqu'à 7 heures en IV) et donc le temps passé à l'hôpital pour le patient », commente l'hématologue.
Hormis un peu plus de neutropénies avec la forme SC (13 % vs 8 %), le profil de tolérance était équivalent concernant les effets secondaires hématologiques. De plus, l'administration SC a occasionné moins de réactions au point d'injection que la forme IV (13 % vs 35 % ; p < 0,0001). Une demande d'AMM pour cette nouvelle formulation SC va être déposée.
Un remboursement imminent chez les patients prétraités
En attente de publication au journal officiel (au plus tard le 6 juillet), le daratumumab (IV) devrait être remboursé en association avec le lénalidomide (ou le bortézomib) et la déxaméthasone, chez les patients ayant reçu au moins un traitement antérieur. Ce remboursement concernera également son indication en monothérapie dans le myélome en rechute et réfractaire, mettant ainsi fin au régime dérogatoire post-ATU.
(1) Moreau P et al. Abstr 8003
(2) Mateos MV et al. Abstr 8005
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