LES ANALYSES intermédiaires sur le suivi à long terme de jeunes filles et jeunes garçons vaccinés avant le début de la vie sexuelle soulignent le maintien de l’immunogénicité, de l’efficacité et de la sécurité d’emploi à long terme du vaccin anti-HPV quadrivalent (1). Dans l’étude initiale, 1 781 filles et garçons avaient reçu soit le vaccin, soit un placebo, selon un schéma vaccinal à 3 injections, à l’inclusion, à 2 puis 6 mois. Ceux qui avaient reçu le placebo ont ensuite bénéficié d’une vaccination « de rattrapage » après 30 à 36 mois de suivi (sans que ne soit toutefois vérifié leur statut vis-à-vis du papillomavirus). Au terme d’un suivi supplémentaire de 1,8 an en moyenne au cours de la phase d’extension, les auteurs rapportent la persistance des taux de réponse vaccinale jusqu’à 6 ans après la vaccination. L’incidence des infections à chlamydia ou à gonocoques est équivalente à celle rapportée dans les études de phase 3 (qui servaient de comparateurs en l’absence de bras placebo), ce qui témoigne d’une vie sexuelle active et donc d’une exposition aux papillomavirus. Dans le sous-groupe des jeunes filles, aucune pathologie associée à l’un des quatre types viraux inclus dans le vaccin n’a été observée. Trois cas d’infection persistante à HPV 18 ont été observés dans le groupe « vaccination de rattrapage », avec une entrée dans la vie sexuelle avant la vaccination. Aucun cas d’infection persistante aux HPV 6, 11, 16, 18 n’a été observé dans le sous-groupe des garçons. Un seul effet indésirable grave a été rapporté : un décès par accident de la route.
Pharmacovigilance à large échelle.
En terme de pharmacovigilance, les États-Unis ont mis en place un suivi observationnel à très large échelle par le biais de deux systèmes de soins (2). Toutes les visites en service d’urgence dans les 60 jours suivant la vaccination ont été notifiées et comparées avec celles survenant après une quelconque vaccination. Tous les nouveaux cas de maladie auto-immune ou de vaccination alors qu’une grossesse était en cours ont été évalués, en aveugle, par un comité d’experts.
Ces données de tolérance portent sur 189 629 jeunes filles vaccinées entre août 2006 et mars 2008.
Les seuls effets secondaires notables sont la survenue d’une syncope le jour de la vaccination (0R = 6, IC 95 % 3,9-9,2) et de possibles cas de cellulites, dont certains ne pourraient être que des réactions au site d’injection, (OR = 1,6, IC 95 % 1,2-2,3). Aucun signal d’alerte préspécifié sur la survenue de maladies auto-immunes et sur l’évolution des grossesses (2 678 cas) n’a été activé.
L’étude Gardasil® LTFU (3), randomisée, en double aveugle versus placebo, évalue de son côté la sécurité d’emploi, l’immunogénicité et l’efficacité du vaccin quadrivalent (Gardasil®) vis-à-vis des lésions CIN2+ associées aux HPV 16 et 18 sur une cohorte de jeunes femmes âgées de 16 à 23 ans.
Des données préliminaires (avec un recul moyen de 6 ans après la vaccination) seront présentées lors du congrès ; elles portent sur une cohorte de 2 700 femmes vaccinées au cours du protocole antérieur 015 et sur un autre groupe de 2 100 femmes, ayant reçu le placebo dans cette même étude antérieure, puis vaccinées au début de l’essai LTFU.
Aucune lésion CIN2+ n’a été observée chez les femmes généralement naïves pour le HPV à l’inclusion. Dans cette même population, 7 cas de lésions CIN ont été rapportés lors du suivi de 1 076 années-femmes, quel que soit le génotype de HPV. Aucune augmentation de l’incidence des lésions CIN associées à 10 génotypes non vaccinaux n’a été retrouvée, ce qui plaide en faveur de l’absence d’émergence de types oncogènes non inclus dans le vaccin.
Cette surveillance de l’incidence des lésions en fonction du type de papillomavirus va se poursuivre à intervalles réguliers de 2 ans jusqu’à la fin de l’étude.
(1) Ferris Daron, on behalf of the Protocol 018 investigators. « First look at effectiveness data from a long-term extension study of Gardasil in adolescents ».
(2) Velicer C et al. « Post-licensure safety study of quadrivalent human papillomavirus vaccine among 189 629 females ».
(3) Dillner Koakim for the HPV vaccine nordic follow-up team. « long-term follow-up (LFTU) study of HPV-type-spécific disease in previously Gardasil® vaccinated women ».
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