Frottis anormaux, colposcopies, biopsies cervicales

Les premiers bénéfices de la vaccination

Publié le 06/05/2011
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EN AUSTRALIE, entre 2007 et 2009, la vaccination anti-HPV par le vaccin quadrivalent a été proposée à toutes les jeunes filles et jeunes femmes âgées de 12 à 26 ans. Dans ce pays, où l’âge moyen lors des premiers rapports sexuels est de 16 ans, le dépistage du cancer du col de l’utérus par cytologie classique est recommandé tous les deux ans, à partir de l’âge de 18 ans.

Un suivi épidémiologique est réalisé au niveau national à partir des registres des frottis et des registres des cancers.

Les dernières données colligées par le « Victorian cervical cytology register » (1) mettent d’ores et déjà en évidence une baisse de l’incidence des anomalies cervicales de haut grade dans la population des femmes jeunes. Le lien entre ce déclin des lésions de haut grade et la vaccination doit bien sûr être formellement établi, mais ces données suggèrent le très probable bénéfice précoce de la vaccination.

Avec les deux types de vaccins.

Un constat équivalent est fait avec le vaccin bivalent (2,3). Au terme de l’étude PATRICIA, qui a suivi en moyenne pendant 47,4 mois plus de 18 000 femmes âgées de 15 à 25 ans, l’efficacité vaccinale vis-à-vis des ASCUS+ associées aux HPV 16 et 18, a été de 91,9 % chez les femmes naïves à l’inclusion et de 68,4 % dans la totalité de la cohorte. Au cours de cette étude, où les femmes ont été randomisées pour recevoir le vaccin bivalent ou un vaccin contre l’hépatite A (selon un schéma à 3 injections à l’inclusion, 1 mois et 6 mois), des prélèvements ont été effectués au niveau du col tous les 6 mois pour réaliser un typage HPV, tandis qu’un examen gynécologique complété par un frottis était réalisé une fois par an.

Le recours à la colposcopie a été réduit de 29 % et de 14 % respectivement et celui des gestes d’excision respectivement de 70,2 % et de 33,2 %.

Toutes ces données concordent avec celles issues un autre travail, réalisé cette fois aux États-Unis (4). Le vaccin bivalent a permis de réduire le taux d’anomalies cytologiques : ASCUS (- 23,9 %), lésions de bas grade (-92,6 %) et lésions de haut grade (-53,7 %). Le nombre de colposcopies et de conisations a été diminué de 23,6 % et de 68,8 % respectivement.

Avec le vaccin quadrivalent, l’incidence des lésions de bas grade a diminué de 17 % et celle des lésions de haut grade de 44,5 %. Le recours à la colposcopie a été réduit de 19,8 %, tandis que le nombre de biopsies a régressé de 22 % et celui de gestes chirurgicaux de 42,3 %. En outre, l’utilisation de ce même vaccin s’est accompagnée d’une baisse de 43,3 % de l’incidence de procédures thérapeutiques pour lésions génitales externes.

Ces premiers résultats, qui mettent bien en évidence l’impact précoce de la vaccination, sont très encourageants. La réduction de l’incidence des lésions du col devrait logiquement se poursuivre avec l’entrée dans leur vie sexuelle de jeunes filles déjà vaccinées. Si pour les experts, il reste aujourd’hui difficile d’estimer à quel moment cette réduction atteindra un pic, notamment parce la vaccination ne prévient pas toutes les lésions de haut grade, la baisse du nombre d’examens complémentaires et de procédures engagées après un frottis anormal devraient permettre des gains en termes de dépenses de santé.

(1) Brotherton JM. « Early benefit and prevention of abnormal smears-quadrivalent vaccine ».

(2) Romanowski B. « Early benefits and prevention of abnormal cervicalsmears with the bivalent HPV vaccine ».

(3)Szarewski A. « Reduction in colposcopy and clinical procedures-bivalent vaccine ».

(4) Ferris DG. « The impact of HPV vaccination in reducing the rates of lower genital tract procedures ».

 Dr ISABELLE HOPPENOT

Source : Le Quotidien du Médecin: 8957