Le CNRS avait senti le vent venir. Le 22 septembre dernier, l’éminente institution remettait sa plus haute distinction, sa Médaille d’or, à Jules Alphonse Hoffmann, pour « ses travaux sur l’étude des mécanismes génétiques et moléculaires responsables de l’immunité innée chez les insectes ». Onze jours plus tard il reçoit le prix Nobel de médecine et physiologie. Lui à qui, peu avant son investiture à l’Académie des Sciences (le 19 juin 2007), un physicien demandait : « Quel type de travail peut-on faire sur les insectes, à part développer des insecticides ? » Tout le parcours de Jules Hoffmann, au final, répond à cette question par : soigner l’homme.
Le biologiste, de renommée internationale, est né en 1941 au Luxembourg, d’un père professeur de sciences naturelles. Avec lui, dès son plus l’âge, il court la campagne poursuivant les insectes. La passion est née là.
L’étudiant en biologie à la faculté de Strasbourg soutient une thèse de biologie expérimentale sur les mécanismes de défense antimicrobiens des insectes. Sa voie est tracée. En 1964, il intègre le CNRS avec pour objectif, encore et toujours, de comprendre comment les insectes se défendent si bien contre les agents infectieux. Un peu plus tard, il y crée sa propre unité « réponse immunitaire et développement des insectes » qu’il dirige jusqu’en 2006.
S’il commence par étudier l’hormonologie des insectes, à la fin des années 1980 il oriente ses recherches sur l’immunité innée de la drosophile. Son équipe isole une vingtaine de peptides antimicrobiens dont certains sont retrouvés chez les mammifères, puis chez l’homme.
En 1996, il met en évidence (avec B. Lemaître et J.-M. Reichhart) le premier récepteur transmembranaire de l’immunité innée capable d’activer les gènes du système immun : Toll. Activé en cas d’infection, il code pour de puissants peptides antimicrobiens. Un an plus tard est établie l’existence de récepteurs semblables chez l’humain, les TLR : sonnette d’alarme qui déclenche le système immunitaire adaptatif.
Jules Hoffmann, qui a acquis la nationalité française en 1970, a reçu les plus hautes distinctions scientifiques internationales. Il est directeur de recherche émérite au CNRS. Ce même CNRS lui a permis de rencontrer une technicienne, qui sous son influence a repris des études et a passé une thèse sous sa direction. Elle est devenue à la fois, son épouse, la mère de ses deux enfants et une très proche collaboratrice.
› Dr G. B.
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