Vaccins : pour une critique constructive

Publié le 28/09/2017
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La nouvelle obligation annoncée par le gouvernement, de réaliser ces onze vaccins aux enfants à compter du 1er janvier 2018, commence déjà à susciter de nombreuses réactions et commentaires de la part de nos patients, d'associations anti-vaccinations vent debout, et également de confrères, tel le Dr Alain Choux dans votre numéro du 21 septembre.

La critique qui se veut constructive se doit d'être ni partisane, ni outrancière, et surtout documentée. Accessoirement il convient d'éviter de dire des âneries indignes d'un docteur en médecine.

Ainsi je signalerais à notre confrère que l'hæmophilus influenzae n'est en aucun cas le virus de la grippe mais une bactérie responsable de méningites de l'enfant, qui ont d'ailleurs été quasi éradiquées depuis l'inclusion de ce vaccin dans les vaccins plurivalents faits aux enfants depuis 2 décennies au moins.

Être critique n'interdit pas d'être compétent ; et là nous frisons le ridicule !

- Le cas du BCG intradermique, qui ne figure pas dans la liste, d'efficacité médiocre et aux nombreux effets indésirables locaux, a été réglé avec justesse il y a quelques années, pour adapter sa réalisation à la prévalence réelle de la tuberculose, notamment en métropole.

- Les pétitions sur internet quels qu'en soient l'objet et le succès n'ont rien à voir avec les preuves scientifiques de l'evidence based medecine (EBM) et n'ont donc pas à être évoquées ni prises en compte pour déterminer une stratégie de santé publique.

- La campagne de vaccination contre l'hépatite B au collège, entreprise puis interrompue, justement suivant le principe de précaution, et avant d'ailleurs que le vaccin soit innocenté par la suite, a surtout eu pour conséquence de susciter la méfiance et parfois le discrédit sur les vaccinations en général.

- Je ne m'attarderai pas sur les comptes d'apothicaires de notre confrère, qui oublie de prendre en compte dans ses calculs fumeux que bon nombre de ces vaccinations sont déjà réalisées chez la plupart des enfants ; le surcoût de cette mesure ne sera donc certainement pas de 2 milliards d'euros, au-delà de l'indécence de la comparaison avec le drame du cyclone Irma aux Antilles.

Et pourtant il y aurait matière à critiques justes, sans se discréditer par une argumentation fallacieuse.

- L'intérêt de la vaccination contre le méningocoque C dont la prévalence est quasi-insignifiante en France, et qui n'est en aucun cas responsable des foyers de méningite à méningocoque.

- la gestion calamiteuse de l'épidémie de grippe H1N1 en 2009 par une ministre incompétente, qui nous vaut encore aujourd'hui une couverture vaccinale anti-grippale particulièrement faible.

- Le problème des ruptures chroniques d'approvisionnement en vaccins, obligatoires ou pas d'ailleurs, probablement en effet liées à l'intérêt qu'ont les industriels de les vendre bien plus chers, hors de France.

Je ne sais pas si le projet gouvernemental est bâclé, mais l'intervention de notre confrère l'est assurément !

Peut-être a-t-on marché sur la tête de choux, suivant la chanson de Serge Gainsbourg.

 

 

Dr Eric de Laborderie, Saint-Lo (50)

Source : Le Quotidien du médecin: 9605
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