Épidémiologie, troubles du rythme

Une année riche d'enseignements

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Publié le 19/02/2018

"Le concept de prévention primordiale a émergé il y a 5 ou 6 ans aux États-Unis", a rapporté le Dr Jean-Philippe Empana. Il s'agit d'une vision positive de la santé visant à prévenir le développement des facteurs de risque, en adoptant certaines mesures d'hygiène de vie, alliant alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes, limitée en sel et en sucres, et la pratique d'au moins une heure de marche quotidienne et de 3 heures de sport par semaine et pas de tabagisme. L'objectif est de maintenir, sans traitement, la pression artérielle en deçà de 120/80 mm Hg, la glycémie à jeun < 100 mg/dL, le cholestérol total en dessous de 200 mg/dL, l'indice de masse corporelle entre 18 et 25 kg/m2. La prévalence de cette santé idéale n'est aujourd'hui que de 10 %, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire. Un travail réalisé à partir de l'étude des 3 cités chez des sujets âgés a montré qu'il existe un gradient de risque entre le nombre de paramètres de santé idéale atteints et le risque cardiovasculaire.

Des avancées dans la fibrillation atriale

L'année 2017 a été riche en publications sur la fibrillation atriale (FA), « avec des enseignements concrets pour la pratique quotidienne", a indiqué le Dr Jean-Marc Sellal, notamment pour la prise en charge du  "patient type" vu en consultation, un homme de 72 ans, hypertendu et diabétique.

La FA constitue un problème majeur, puisque 30 % des accidents vasculaires cérébraux ischémiques (qui représentent 85 % des AVC) sont associés à une FA et que dans près de 40 % de ces AVC, la FA n'était pas connue.

Des données très récentes issues de la base BiomarCaRE, portant sur près de 80 000 patients, confirment la surmortalité liée à la FA, qui multiplie par 3 le risque de décès.

L'étude prospective multicentrique, REVEAL-AF, a suivi 446 patients avec un score CHADS2 ≥ 2 et qui ont bénéficié de la pose d'un dispositif implantable de surveillance du rythme.  Au terme de 18 mois de suivi, 29 % des patients avaient fait au moins un épisode de FA ≥ 6 minutes, taux qui s'élevait à 40 % après 30 mois de suivi. La FA silencieuse est donc fréquente dans cette population.

De nouvelles recommandations sur l'ablation dans la FA ont aussi été publiées l'an dernier. "Pour la première fois, la FA asymptomatique fait son entrée. L'ablation peut  désormais être discutée dans les FA asymptomatiques, qui peuvent être dangereuses", a souligné le Dr Sellal.

L'étude CASTLE-AF s'est, elle, penchée sur les indications de l'ablation chez le patient insuffisant cardiaque. Ce travail multicentrique randomisé, ablation versus traitement médical conventionnel, a inclus près de 400 patients de stade NYHA ≥ 2, avec une fraction d'éjection ventriculaire gauche ≤ 35 %. Les résultats sont très en faveur de l'ablation, avec une moindre charge en FA avec le temps, une amélioration de la FEVG et à terme une réduction de la mortalité.  

D'après les communications des  Drs Jean-Philippe Empana, Paris, et Jean-Marc Sellal, Nancy.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9641