« Il ne saurait être question d'exclure a priori de la médecine physique et de réadaptation (MPR) les personnes âgées, à qui nous devons au contraire essayer d’appliquer les mêmes principes de rééducation que chez les plus jeunes, tout en tenant compte bien entendu des particularités de cette population, souvent plus fatigable et dont l’attention est plus labile », insiste le Pr Dehail.
Ce sont les comorbidités plus que l’âge qui constituent un frein à la rééducation, et ceux dont l'état physiologique est préservé devraient avoir accès à des soins de rééducation spécialisés. Mais on manque en France de structures de rééducation dédiées aux sujetsâgés et ils sont trop souvent orientés vers des structures pour personnes âgées dépendantes, moins spécialisées avec une prise en charge en rééducation moins performante. Ainsi après un AVC, seulement 10 % des patients bénéficient au niveau national d'une rééducation dans des unités spécialisées quel que soit leur âge, et c'est encore plus flagrant pour les personnes âgées.
Un potentiel de récupération
« On est sûr maintenant que le cerveau des personnes âgées garde une certaine plasticité, et qu’une rééducation adaptée de qualité aura un impact important sur sa récupération, permettant de réduire sa dépendance et de maintenir un certain niveau d'autonomie », poursuit le Pr Dehail. La réadaptation des personnes âgées n’a pas seulement des indications dans le post-AVC, et les MPR et gériatres s’accordent pour lui reconnaître, parallèlement à la rééducation de l'équilibre et la prévention des chutes, un intérêt pour les fonctions cognitives. On connaît maintenant le lien très étroit entre l’altération de la marche et les fonctions cognitives. Souvent la marche se détériore avant les fonctions cognitives, et, par exemple, chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer, on constate un virage à partir du moment où les troubles de la marche apparaissent. D’où l'importance de dépister ces troubles dans la population âgée ; la rééducation de la marche et son maintien en qualité et quantité suffisantes se révèlent bénéfiques et pourraient ralentir en partie la dégradation cognitive. On développe ainsi des programmes de rééducation en milieu virtuel permettant un travail en situation de « double tâche » stimulant à la fois la locomotion et la mémorisation/cognition de façon ludique.
La rééducation motrice s’attache également à préserver ou à rétablir la force musculaire, notamment des membres inférieurs, qui peut être augmentée à tout âge, en particulier grâce à des exercices musculaires contre résistance associée à une prise en charge nutritionnelle.
MPR et qualité de vie des plus âgés
Tout un champ d’action se développe afin de maintenir la qualité de vie des plus dépendants. Ainsi, en cas de rétractions, certaines équipes françaises ont adopté une stratégie de prise en charge simple et assez peu contraignante vis-à-vis des hypertonies déformantes acquises : injections de toxine botulique, alcoolisation de troncs nerveux, ténotomies à l’aiguille pour libérer des segments de membre afin d’améliorer le positionnement et faciliter les soins d'hygiène.
D'après un entretien avec le Pr Patrick Dehail, CHU de Bordeaux
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