Les bonnes nouvelles de 2020

Diabétologie, un pas de plus vers le pancréas artificiel

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Publié le 18/12/2020

Année faste pour la diabétologie française avec l’obtention des autorisations pour la généralisation du « pancréas artificiel » et de la greffe d’îlots de Langerhans mais aussi l’arrivée du premier inhibiteur des SGLT-2 et le déploiement de la télémédecine via leprogramme Etapes.

Crédit photo : SPL/PHANIE

Longtemps considéré comme un Graal inatteignable, le pancréas artificiel est en passe de devenir une réalité.

Boucle fermée et greffes d’îlots remboursées

Un tournant majeur a été pris dans ce sens en 2020 avec l’avis positif de la HAS pour le remboursement du dispositif Diabeloop DBLG1, un système de gestion automatisée de l’insulinothérapie dans le diabète de type 1 (ou boucle fermée) qui devrait être commercialisé prochainement. Cinq autres candidats suivront plus ou moins rapidement. Leur principal bénéfice est de maintenir la glycémie dans une zone proche de la normale sans induire d’hypoglycémie. Même si le pilotage entièrement automatique sous-tendu par le terme de « pancréas artificiel » n’est pas encore au rendez-vous, « c’est déjà une révolution, commente le Pr Charles Thivolet, président de la Société francophone du diabète, car l’algorithme vient soulager la charge mentale imposée par le diabète ». Ces systèmes hybrides requièrent cependant encore un investissement des patients : calibration pluriquotidienne du capteur dans un des systèmes, annonce des repas et des activités physiques, identification des alertes et des incidents, gestion des imprévus. Il n’est donc pas question de se passer d’une éducation thérapeutique, ni de laisser les patients sans une prise en charge spécialisée. À cette fin, la Société francophone du diabète a publié en septembre 2020 un référentiel sur l’organisation et la sécurisation à la fois de l’initiation et du suivi des patients sous insulinothérapie automatisée en boucle fermée, avec un maillage entre centres initiateurs et centres experts de suivi. Le remboursement par l’Assurance maladie est accordé pour l’instant aux diabétiques déséquilibrés de plus de 18 ans (HbA1c >8 %), « en espérant ultérieurement un accès aux diabétiques équilibrés et aux plus jeunes ».

Autre approche de « substitution pancréatique », biologique cette fois, la greffe d’îlots pancréatiques est aussi dans les starting-blocks. Aboutissement de presque vingt ans d’essais cliniques, le 20 juillet dernier, la HAS a émis un avis favorable à la prise en charge de la transplantation d’îlots, principalement lorsque les greffes pancréatique et rénale sont contre-indiquées ou en cas de diabète très instable. La mise en place des centres greffeurs et la tarification de l’acte sont attendues pour 2021.

Les gliflozines arrivent en France

Une autre avancée de 2020 est l’arrivée en France des inhibiteurs des SGLT2 dans le diabète de type 2. Alors que la plupart des pays en disposaient depuis déjà plusieurs années, la dapagliflozine est commercialisée dans l’Hexagone depuis avril 2020 et « l’objectif est que deux autres molécules de la même classe le soient aussi rapidement », espère Charles Thivolet. Du fait de son bénéfice cardiovasculaire et rénal, « cette classe de molécules permet de dépasser la vision glucocentrée de la prise en charge du diabète de type 2 ». Jusque-là considérée en Europe comme un antidiabétique, la dapagliflozine a reçu fin novembre une AMM européenne pour le traitement de l’insuffisance cardiaque chronique symptomatique à fraction d’éjection réduite, que le patient soit diabétique ou non, et « la Haute Autorité de santé planche sur la question en France ».

Les complications du diabète se stabilisent

Enfin, Santé publique France a publié, en novembre, des indicateurs sur le diabète en France en 2019 et leur évolution depuis 2010. Si les complications liées au diabète restent très fréquentes, certaines se stabilisent, comme pour les AVC, les amputations, les infarctus du myocarde transmuraux et la mise sous dialyse, mais pas les plaies du pied.

La télémédecine au chevet des diabétiques

En matière de diabète, « la bonne nouvelle de 2020 est la démonstration des capacités d’adaptation des organisations de soins pour faire face à l’imprévu », déclare sans hésitation le Pr Charles Thivolet, avec la prise en charge à distance grâce à la télémédecine – téléconsultation et télésuivi – des personnes diabétiques. Une tendance qui s’est amplifiée et consolidée du fait de la pandémie de Covid-19, en complément de la prise en charge en présentiel classique ».

Dès le mois de mai, les conditions d’accès au programme Etapes pour le suivi à distance du diabète (Expérimentation de télémédecine pour l’amélioration des parcours en santé) ont été étendues, notamment avec des critères d’HbA1c moins stricts. Plus de souplesse a aussi été accordé pour le recours à la téléconsultation pour les malades chroniques, dont les diabétiques, « et il est probable que cela restera dans nos pratiques ».


Source : Le Généraliste